AviationQuatre ans après, retour de la grand-messe aéronautique du Bourget
Le rassemblement biennal du Bourget, qui débute ce lundi, est présenté comme «le salon de la reprise», après la pandémie qui a mis à mal les compagnies aériennes.
Mégacommandes d’avions, démonstrations aériennes pour rêver et présentations de technologies pour réduire l’empreinte climatique de l’aviation: la grand-messe aéronautique du Bourget ouvre lundi dans un contexte porteur mais soumis aux pressions sociétales.
Le président français Emmanuel Macron inaugure dans la matinée cette 54e édition du salon international aéronautique et de l’espace, le plus important au monde. Parmi les 2500 exposants, il devrait rencontrer quelques-unes des 1130 entreprises françaises présentes qui font du secteur aérospatial le premier contributeur à la balance commerciale française (22,2 milliards de francs en 2022).
Le président a déjà annoncé vendredi un plan de 2,15 milliards de francs pour accompagner la maturation des technologies permettant de réduire l’empreinte carbone de l’avion. Celle-ci passe notamment par le développement des carburants d’aviation durables (SAF), principal moyen de réduire les émissions de CO2.
320’000 visiteurs
Le rassemblement biennal du Bourget est présenté comme «le salon de la reprise» après la pandémie qui a asséché les finances des compagnies aériennes, durablement désorganisé les chaînes d’approvisionnement des fabricants et obligé à annuler l’édition 2021.
C’est «le retour du bon vieux temps de l’excitation du salon», s’enthousiasme Guillaume Faury, patron d’Airbus et du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), l’organisateur de la manifestation. Plus de 320’000 visiteurs sont attendus du 19 au 25 juin sur l’aéroport du Bourget, au nord de Paris, les quatre premiers jours étant réservés aux professionnels; le grand public pourra le visiter à partir de vendredi.
Si les exposants américains sont venus en force, la Russie est persona non grata en raison des sanctions imposées contre Moscou. La Chine sera elle aussi représentée, même s’il faudra attendre d’autres éditions pour voir le premier moyen-courrier moderne du pays, le COMAC C919, qui veut se faire une place entre les best-sellers Airbus A320neo et Boeing 737 MAX.
«Se remettre du Covid»
Alors que le trafic aérien mondial est en passe de retrouver son niveau d’avant-Covid, les compagnies aériennes cherchent à renouveler leurs flottes par des avions plus rentables, qui consomment moins de carburant et émettent donc moins de CO2 pour répondre à l’injonction d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Et face à des avionneurs dont les créneaux de livraisons sont pleins pour les prochaines années, elles anticipent leur croissance alors que le trafic aérien mondial devrait doubler à cet horizon.
Combien d’Airbus, de Boeing? «Tout le monde va regarder les grandes commandes», estime Guillaume Faury. Mais faute d’événements pendant la pandémie, «l’habitude de tout concentrer au moment des salons a été un peu perdue, donc je ne suis pas sûr qu’on ait la même dynamique que celle qu’on avait avant le Covid», a-t-il relativisé lors de la conférence du Paris Air Forum vendredi.
Des commandes il y en aura, assure de son côté Stan Deal, patron de la branche avions commerciaux de Boeing. «Mais notre objectif principal reste de continuer à travailler avec l’industrie pour se remettre du Covid», a-t-il expliqué dimanche à des journalistes. L’enjeu est majeur pour les deux avionneurs, confrontés aux difficultés de leurs chaînes de fournisseurs à suivre les remontées en cadence pour livrer les appareils.