Brouille entre Paris et Bamako - La junte décide d’expulser l’ambassadeur de France au Mali

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Brouille entre Paris et BamakoLa junte décide d’expulser l’ambassadeur de France au Mali

Mécontentes des déclarations «hostiles» de Paris à leur encontre, les autorités maliennes ont donné 72 heures au diplomate français pour quitter leur pays.

Le président de la transition malienne, le Colonel Assimi Goïta (à droite).

Le président de la transition malienne, le Colonel Assimi Goïta (à droite).

AFP

Les autorités maliennes dominées par les militaires ont décidé lundi d’expulser l’ambassadeur de France, dans une nouvelle escalade abrupte de la brouille entre Bamako et Paris. Les Affaires étrangères françaises se sont contentées de prendre «note» d’une mesure qui, pourtant, pose avec encore plus d’acuité la question de l’engagement militaire français au Mali.

Le ministère malien des Affaires étrangères a convoqué le chef de la mission diplomatique française à Bamako, Joël Meyer, en poste depuis octobre 2018, et lui a «notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures», selon un communiqué lu par la télévision d’État.

Les autorités maliennes ont justifié cette décision par les récents propos «hostiles» et «outrageux» de responsables français à leur encontre. «Ces déclarations tendent à remettre en cause et la légalité et la légitimité des autorités auprès desquelles l’ambassadeur de France est accrédité (…) Vous ne pouvez pas être accrédité auprès d’autorités que vous-mêmes vous ne reconnaissez pas», a dit dans la soirée le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop à la télévision d’État.

Les relations avec la France, ancienne puissance coloniale engagée militairement contre les djihadistes au Mali et au Sahel depuis 2013, n’ont cessé de se détériorer depuis que des colonels ont pris par la force en août 2020 la tête du pays, plongé depuis 2012 dans une profonde crise sécuritaire et politique. Elles se sont encore envenimées en mai 2021, avec un nouveau putsch des mêmes colonels pour renforcer leur emprise.

Joël Meyer avait déjà été convoqué en octobre 2021 quand le président français Emmanuel Macron avait vivement réagi à des propos du chef du gouvernement malien évoquant la réduction programmée des effectifs français et parlant d’«abandon en plein vol». Emmanuel Macron avait en retour parlé de «honte» de la part de «ce qui n’est même pas un gouvernement».

Les tensions se sont encore exacerbées depuis que la junte sous la conduite du colonel Assimi Goïta a révoqué son engagement initial à organiser des élections le 27 février prochain, et que l’organisation des États ouest-africains Cédéao a infligé le 9 janvier de sévères sanctions diplomatiques et économiques à ce pays pauvre et enclavé. La junte entend à présent rester en place plusieurs années.

La France et ses alliés européens s’alarment aussi de l’appel fait, selon eux, par la junte aux mercenaires de la sulfureuse société russe Wagner, groupe réputé proche du Kremlin, accusé d’exactions en Centrafrique et engagé sur d’autres théâtres. La junte persiste à démentir. Elle est entrée en résistance face à une partie de la communauté internationale en invoquant l’indépendance nationale. Elle accuse la France d’instrumentaliser les organisations sous-régionales et de conserver ses «réflexes coloniaux».

Question de crédibilité

Elle a multiplié les actes revendicatifs de souveraineté en demandant la révision des accords de défense avec la France ou en poussant le Danemark à retirer un contingent de cent hommes déployés avec le groupement de forces spéciales européennes Takuba, initié par la France.

Les autorités maliennes «exigent» désormais que tout déploiement de personnel militaire ou civil au titre de Takuba soit soumis à l’invitation préalable du président (le colonel Goïta) et à l’accord du gouvernement, indique un document transmis lundi soir à l’AFP par les Affaires étrangères.

La junte vante par ailleurs sa coopération avec la Russie, dont de nombreux hommes, des «instructeurs» selon elle, sont arrivés ces derniers mois.

(AFP)

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