GrèceLe gratin de la royauté européenne rend hommage à Constantin II
Des souverains de toute l’Europe ont assisté lundi à Athènes aux funérailles du dernier roi de Grèce, mort mardi à l’âge de 82 ans.
Une grande partie de la royauté européenne était réunie dans la cathédrale de l’Annonciation d’Athènes pour rendre hommage au roi de Grèce Constantin, lundi. Cette cérémonie privée était dirigée par le chef de l’Église orthodoxe grecque, Iéronymos II. Aucun hommage national n’a été rendu à cet ancien souverain déchu en 1974. Cette décision a suscité certaines protestations parmi les 3000 personnes venues avant la cérémonie se recueillir devant le cercueil du défunt.
La famille royale britannique était représentée par la princesse Anne, sœur de Charles III, tous deux cousins de Constantin II. Les roi et reine d’Espagne, de Suède, de Belgique, du Danemark, des Pays-Bas, le prince Albert II de Monaco, le prince héritier norvégien, le Grand-duc de Luxembourg étaient également présents. L’ancienne reine d’Espagne, Sophie, sœur de Constantin, et son époux Juan Carlos avaient eux aussi fait le déplacement.
Aux premières heures du jour, une longue file d’attente s’est formée sur le parvis de la cathédrale, en plein centre d’Athènes, pour venir se signer ou embrasser le cercueil. «Je suis venu honorer un Grec (…) Il a fait partie de notre histoire nous ne pouvons pas le nier», confiait dans la foule Nikos Karakas, un étudiant. Plus loin Kyriaki Vizinou, une retraitée, s’emportait: «On ne peut pas retirer un titre à un roi. Il est né pour devenir roi, il meurt en roi».
Profondément républicaine, l’immense majorité de la population hésitait entre indifférence et colère depuis la mort de Constantin. «Ce n’était pas notre roi (…) Le peuple grec a voté contre la monarchie. Mais (…) ça ne sert à rien de polémiquer, il faut respecter son enterrement», jugeait Giorgos Christodoulakis, qui tient un kiosque à journaux dans le centre-ville. Au lendemain de la mort de Constantin, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis avait annoncé que ces obsèques auraient un caractère privé.
Ni lui, ni l’actuelle cheffe de l’État Katerina Sakellaropoulou ne se sont d’ailleurs rendus aux funérailles. À Athènes, seuls les drapeaux autour du Stade panathénaïque ont été mis en berne.
Anciennes plaies ravivées
Le roi doit être inhumé en privé à l’ancienne résidence royale à Tatoï, au nord d’Athènes où sont enterrés la plupart des anciens membres de la famille royale. La mort de l’ex-monarque, qui a vécu quelque quarante ans en exil, a ravivé des plaies anciennes en Grèce, notamment autour de son rôle lors de la dictature des colonels.
Critiqué pour ne pas avoir alors empêché l’accession au pouvoir de la junte, Constantin avait quitté la Grèce en 1968 et vécu quarante ans à Londres, avant de rentrer dans son pays en 2013 continuant à se dénommer «roi». La monarchie en Grèce a été abolie par référendum en 1974 qui, avec une majorité de 70%, a déchu officiellement Constantin II.
Déchu de sa nationalité en 1994, il avait obtenu en justice la condamnation de la Grèce qui a dû verser 14 millions d’euros à la famille royale.