Crise au SoudanFace à une situation «sans précédent», l’ONU envoie un haut responsable
Compte tenu d’une «détérioration rapide de la crise humanitaire au Soudan», l’ONU a décidé dimanche d’envoyer «immédiatement» un haut responsable dans la région.
«L’échelle et la vitesse auxquelles se déroulent les événements au Soudan sont sans précédent», a déclaré le porte-parole du chef de l’ONU, Stéphane Dujarric, dans un communiqué, se disant «extrêmement inquiet».
Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a ainsi décidé d’envoyer «immédiatement dans la région» le chef de l’agence humanitaire des Nations unies (OCHA) Martin Griffiths «à la lumière d’une détérioration rapide de la crise humanitaire au Soudan», où, depuis le 15 avril, une impitoyable guerre entre deux généraux prend au piège des millions de Soudanais.
Martin Griffiths a déclaré dimanche dans un communiqué séparé que la «situation humanitaire atteint un point de rupture» dans le pays. «Je suis en route dans la région afin d’étudier comment nous pouvons apporter une aide immédiate aux millions de personnes dont la vie a basculé du jour au lendemain», a-t-il ajouté.
Le pillage massif des bureaux et des entrepôts humanitaires a «épuisé la plupart de nos stocks. Nous cherchons des moyens rapides pour acheminer et distribuer» des provisions supplémentaires, a expliqué Martin Griffiths, pour qui la «solution évidente» est de «cesser le combat».
Services d’urgence «fortement limités»
Au Soudan, les familles connaissent des difficultés d’accès à l’eau, à la nourriture, au carburant et à d’autres ressources essentielles, et des habitants ne peuvent se déplacer du fait de coûts de transport élevés, a relaté le chef de l’OCHA.
Les services d’urgence sanitaire sont «fortement limités, ce qui accroît le risque de décès» même pour ceux qui auraient pu être évités, a-t-il expliqué, mentionnant la présence à quai à Port-Soudan (nord-est) de cinq conteneurs de matériel d’urgence, notamment de fluides intraveineux, attendant d’être approuvés par les autorités.
«Nous sommes très inquiets de l’impact immédiat et à long terme (de cette crise) sur tous les Soudanais et pour la région dans son ensemble», a fait savoir Stéphane Dujarric, le porte-parole d’Antonio Guterres. «Une fois de plus, nous appelons toutes les parties au conflit à protéger les civils et les infrastructures, permettre un passage sûr à ceux qui fuient les zones de combat, respecter les travailleurs humanitaires et leurs moyens, faciliter les opérations d’aide et respecter le personnel médical, leurs installations et moyens de transport», poursuit le porte-parole.
Plus de 500 morts
Les violents affrontements se poursuivent à Khartoum, alors que l’armée et les paramilitaires annoncent dimanche la prolongation d’une trêve peu respectée mais qui a permis les évacuations d’étrangers et de poursuivre les négociations.
Selon l’ONU, 75’000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et au total, jusqu’à 270’000 personnes pourraient fuir les combats qui touchent 12 des 18 États de ce pays de 45 millions d’habitants, l’un des plus pauvres au monde. La guerre a fait 528 morts et 4’599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués, tandis que les deux camps s’accusent mutuellement de violer la trêve.