Selon Serge GaillardPostFinance doit pouvoir octroyer des crédits et des prêts hypothécaires
L’ex-directeur des finances de la Confédération demande l'extension des activités de PostFinance pour prévenir l’arrivée de banques étrangères sur ce marché.
Serge Gaillard, l’ex-directeur de l'Administration fédérale des finances (AFF), a exigé les pleins droits pour PostFinance dans une interview à la «NZZ am Sonntag», à la suite de la débâcle de Credit Suisse. «Ce que nous avons aujourd'hui, c'est un échec politique», note-t-il au sujet du sauvetage de Credit Suisse. Face à ce constat, PostFinance doit pouvoir garantir le trafic des paiements et proposer des comptes sûrs. Pourtant, déplore-t-il, elle n'a pas le droit de placer son argent de manière diversifiée et de le mettre à disposition de la population suisse sous forme d’hypothèques.
Serge Gaillard justifie encore sa demande par le fait que la fusion UBS – Credit Suisse a pour conséquence un choix plus restreint dans les opérations de crédit pour les entreprises. «Il existe donc un risque que des banques étrangères pénètrent sur ce marché», craint-il.
Objectif de politique économique pas atteint
Face au constat que la Confédération doive à nouveau sauver une grande banque 15 ans après la crise financière, Serge Gaillard rappelle que celle-ci avait conduit à ce que, depuis 2008, la stabilité des marchés financiers soit un objectif important de la politique économique du gouvernement. «Et c'est pourquoi les autorités du monde entier ont édicté des règles «too big to fail» (ndlr: trop grand pour faillir). Comme les crises sont inévitables, il s’agissait de s'assurer que l'Etat puisse assainir une banque, voire la liquider, sans que les pouvoirs publics aient à payer. «Ce n'est malheureusement pas tout à fait ce qui s'est passé aujourd'hui, déplore-t-il.»
Serge Gaillard estime également que le sauvetage de Credit Suisse ne relève pas de l’économie privée, comme l’a affirmé la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter: «Un tel sauvetage aurait été préférable. Mais l'Etat a pris ici – au-delà de l'aide prévue pour les liquidités – des risques à hauteur de neuf milliards de francs. Ce n'est pas une solution d'économie privée.»
Réguler les salaires et bonus dans les banques
Interrogé sur les millions de bonus ayant aussi conduit à la chute de Credit Suisse, Serge Gaillard a par ailleurs estimé que la Confédération devrait réguler les bonus du secteur financier à l’avenir, vu que les banques «bénéficient désormais d’un soutien de l’Etat, pour ne pas dire d’une sorte de garantie de l’Etat». Cela justifie de fixer des limites légales à la rémunération des administrateurs et de la direction des banques, selon lui. Et «ce serait aujourd'hui l'occasion de résoudre cette question pour l'avenir, au lieu de déposer à nouveau plainte plus tard avec effet rétroactif», a-t-il encore déclaré à la «NZZ am Sonntag».