ParlementLe National tient mordicus au droit de vote à 16 ans
Malgré l’avis défavorable d’une majorité des cantons et contre l’avis de sa commission, la Chambre du peuple a décidé de maintenir le projet d’abaisser de 18 à 16 ans le droit de vote.
- par
- Christine Talos
Ils étaient une trentaine de jeunes à réclamer sur la place Fédérale à Berne en début d’après-midi le droit de vote à 16 ans sur lequel se penchait le National. Et ils ont sans doute explosé de joie à l’issue du vote des députés en début de soirée. En effet, ceux-ci ont refusé pour la 3e fois, par 98 à 93, de classer une initiative parlementaire de Sibel Arslan (Verts/BS) qui prévoyait d’abaisser l’âge minimal de 18 à 16 ans au niveau fédéral. Ils se sont opposés une nouvelle fois à leur commission qui voulait abandonner le projet.
Pour rappel, le National avait accepté une 1re fois l’initiative en 2020 et l’avait envoyée à sa commission en vue d’élaborer un projet de loi. Celle-ci avait ensuite voulu classer le texte en mars 2022. En vain. Les députés avaient accepté de justesse l’initiative une 2e fois. La commission avait donc soumis en consultation aux cantons et aux instances concernées un projet à l’automne dernier. Verdict: il avait recueilli une majorité d’avis négatifs, 15 cantons sur 25 y étant opposés. Du coup, «la suite logique est d’abandonner le projet», a expliqué lundi Piero Marchesi (UDC/TI) pour la commission.
«Nous n’avons rien à perdre, tout à gagner»
Au plenum, UDC, PLR, et Centre étaient prêts eux aussi à laisser tomber le texte mais quelques élus du Centre et du PLR ont suivi la minorité, emmenée par Irène Kälin (Verts/AG), que soutenaient la gauche et les Vert’libéraux. «Impliquer les jeunes est très important, car ce sont eux qui seront concernés le plus longtemps par nos décisions», a lancé l’Argovienne. «Il s’agit de renforcer la démocratie. Nous n’avons rien à perdre, tout à gagner», a-t-elle ajouté. «La moitié des votants a plus de 58 ans et ce sont les plus âgés qui décident de la vie des jeunes. Il faut faire contrepoids et partager notre pouvoir», a estimé Corina Gredig (Vert’lib/ZH).
La droite craignait d’avoir deux catégories de citoyens, les uns avec le droit de voter et d’être élus, les autres avec uniquement le droit de voter, a expliqué le corapporteur de la commission Kurt Fluri (PLR/SO). Mieux vaut non plus ne pas séparer l’âge de la majorité civique et l’âge de la majorité civile, de même que celle entre le droit de vote et celui d’éligibilité, a-t-il ajouté.
Le dossier repart en commission.
Un seul canton a dit oui
Pour rappel, seul le canton de Glaris a accordé le droit de vote à 16 ans aux jeunes en 2007. En février 2020, Neuchâtel a refusé d’abaisser la majorité civique à 16 ans, tout comme le Jura en septembre 2020. Le canton d’Uri l’a refusé aussi en septembre 2021, tout comme Zurich en mai 2022 et Berne l’automne dernier.