France«Omar m’a tuer»: la justice décide de rouvrir le dossier
Jeudi, la justice française a décidé de se pencher une nouvelle fois sur l’histoire de ce jardinier condamné en 1994 pour le meurtre de sa patronne. Il a toujours clamé son innocence.
Vingt-sept ans après la condamnation d’Omar Raddad pour le meurtre d’une riche veuve, Ghislaine Marchal, la justice a décidé jeudi de rouvrir le dossier, première étape vers une éventuelle révision du procès, a-t-on appris de source judiciaire.
Saisie par Omar Raddad d’une requête en révision, la commission d’instruction a ordonné un complément d’information, a précisé cette source. «Cette décision est un pas vers la révision», a déclaré à la presse l’avocate d’Omar Raddad, Sylvie Noachovitch. «La bataille n’est pas terminée», a-t-elle lancé.
Désigné par l’inscription «Omar m’a tuer», tracée avec le sang de la victime sur la scène de crime, l’ex-jardinier avait essuyé un premier rejet d’une demande de révision en 2002.
Affaire énigmatique
Sa nouvelle requête s’appuie sur les progrès de la science en matière d’ADN et sur une loi votée en juin 2014 qui assouplit les critères de révision d’un procès. «Ce sont «des éléments probants mettant en doute la culpabilité d’Omar Raddad», estime Me Noachovitch.
Elle a présenté à la justice les conclusions d’un expert en génétique qui analysait à nouveau une découverte de 2015: des prélèvements sur des scellés avaient mis en évidence des traces d’ADN «exploitables» qui ne correspondent pas au profil génétique de l’ex-jardinier.
Empreintes génétiques
Au total, quatre empreintes génétiques, correspondant à quatre hommes, avaient été trouvées sur place, sur deux portes et un chevron. C’est sur ces deux portes qu’avaient été écrites les inscriptions «Omar m’a tuer», emblématique de cette affaire, et «Omar m’a t.».
Dans des notes de 2019 et 2020, l’expert en génétique avait relevé la présence de 35 traces d’un ADN masculin inconnu sur l’inscription «Omar m’a t» et conclu en faveur de l’hypothèse d’un dépôt de ces empreintes au moment des faits et non d’une «pollution" ultérieure, notamment par les enquêteurs.
Condamné en 1994 à 18 ans de réclusion, sans possibilité de faire appel à l’époque, Omar Raddad a bénéficié d’une grâce partielle du président Jacques Chirac, puis d’une libération conditionnelle en 1998. Cette grâce ne vaut pas annulation de la condamnation et ne l’innocente pas.
«Climat médiatique apaisé»
Ghislaine Marchal, riche veuve d’un équipementier automobile, âgée de 65 ans, avait été retrouvée dans la cave de sa propriété de Mougins (sud-est de la France), le 23 juin 1991. Dans un communiqué transmis à l’AFP, la famille de Ghislaine Marchal dit «(prendre) acte» de la décision ordonnant des investigations complémentaires.
La famille de la victime «souhaite que ces investigations permettent de mettre un terme définitif à une affaire douloureusement vécue par elle» et «espère que ce nouveau volet judiciaire se déroulera dans un climat médiatique apaisé», selon le communiqué.