FranceLes sages-femmes descendent dans la rue pour crier leur «ras le col»
Des milliers de sages-femmes ont manifesté jeudi à Paris pour réclamer au gouvernement plus d’effectifs, des études plus longues et un vrai statut médical.
«Y’a pas que le périnée qui craque»: des milliers de sages-femmes, s’estimant «oubliées – méprisées», ont manifesté jeudi à Paris pour réclamer des effectifs supplémentaires, un vrai statut médical à l’hôpital et une 6e année d’étude.
«On vient exprimer notre souffrance avant que la profession ne disparaisse» par manque d’attractivité, explique Marie Coudene Medico, sage-femme libérale à Montpellier. «Les conditions de travail se dégradent. Le métier ne fait plus rêver. Des sages-femmes démissionnent», égrène Caroline Cutuil, sage-femme libérale à Grenoble.
Une inquiétude relayée sur de nombreuses pancartes comme «Sages-femmes en voie d’extinction», «Mise à mort des sages-femmes», «Les sages-femmes se saignent – Stop à l’hémorragie».
À l’appel de plusieurs syndicats, les manifestantes et manifestants se sont rassemblés à Montparnasse pour gagner le Ministère de la santé. Certaines brandissant un spéculum, d’autres le front barré d’un «code noir», le dos siglé d’un «sage-femme en grève» ou d’un «sage-femme en colère», portant des cigognes en peluche sur la tête…
«Dans les maternités parisiennes, c’est catastrophique avec parfois jusqu’à 20 postes vacants. On devient des machines», explique Aurélie De La Calle, sage-femme hospitalière à Port Royal.
«Une situation dangereuse pour les sages-femmes mais aussi pour les femmes en général», poursuit Caroline Cutuil. «Pour protéger les femmes, protégez les sages-femmes», «Sexisme d’État: si les hommes accouchaient, le problème serait réglé» pouvait-on lire sur des pancartes.
Justine Schoeffel, sage-femme hospitalière et membre du conseil d’administration de l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes, insiste sur «la nécessité d’un vrai statut médical dans la fonction publique» pour les sages-femmes. «Métier formidable, statut fort minable», «À deux doigts de la rupture», «Sur tous les fronts pour pas un rond» flottaient au-dessus du cortège.
7 étudiants sur 10 présentent des symptômes dépressifs
Les étudiantes sont également venues en nombre. «On réclame une 6e année d’étude pour pouvoir étaler nos cours et nos stages et approfondir nos connaissances», explique Emie Jourdain de l’Association nationale des étudiants sages-femmes, arguant que «7 étudiants sur 10 présentaient des symptômes dépressifs» du fait de la lourdeur de la formation.
Le cabinet du ministre de la Santé Olivier Véran devait recevoir jeudi chacun des syndicats et organisations professionnelles de sages-femmes «l’ayant souhaité», a-t-il indiqué.