CommentaireIgnazio Cassis dans son costume de président
Mardi soir, le Tessinois a pris les téléspectateurs par surprise en diffusant son message pour la journée de solidarité avec l’Ukraine. Touchant, solennel et pesant ses mots, il a rappelé qu’il ne fallait pas céder au réflexe anti-russe.
- par
- Eric Felley
Dans son allocution de mardi soir, Ignazio Cassis a dépeint les conséquences de la guerre en Ukraine: «En ce moment même des hommes et des femmes meurent à cause de la guerre. Des parents sont en deuil, des blessés souffrent, des mères sont désespérées, des enfants pleurent et des familles sont en fuite.» On pourrait ajouter que c’est la même chose dans toutes les guerres, en Irak, en Syrie ou au Yémen.
Avec l’Ukraine, la réaction officielle est tout à coup différente. Ces habitants sont plus proches. Avant le 24 février, ils vivaient comme nous en Suisse. Ils vivaient en paix, vaquaient à leurs occupations: travail, écoles, loisirs, sorties, promenades. Et soudain le monde s’est écroulé pour des millions de civils à cause de profondes vexations ressenties du côté de Moscou, pour une relecture de l’Histoire ou encore pour faire payer aux Occidentaux le fait qu’ils se sont trop approchés avec l’OTAN.
La mort et l’exode
Faire payer l’Ukraine? On comprend mal la stratégie de Vladimir Poutine. Il voudrait sauver les Ukrainiens, ces cousins, ces frères ou ces compagnons historiques d’un prétendu néonazisme qui les étouffe. Mais comme il n’arrive pas à obtenir la reddition rapide qu’il espérait, il accable cette population «amie» de bombardements en semant la mort dans les villes et l’exode sur les routes.
Condamnation morale
Ignazio Cassis a utilisé le terme de «barbarie», pour les exactions qui sont commises depuis deux semaines en Ukraine. C’est un terme très fort dans la bouche du président pour illustrer la position de la Suisse face à une telle situation. Après les sanctions économiques, c’est une condamnation morale sans ambiguïté et plutôt rare dans le discours officiel à Berne. Elle va sans doute conforter Vladimir Poutine sur le fait d’avoir mis la Suisse sur la liste des pays «hostiles» à la Russie.
Mais la Suisse n’est pas hostile à la Russie, ni aux Russes, rappelle-t-il. Au contraire, il a toujours existé une connexion forte entre les Suisses et la civilisation russe, sa littérature, sa musique ou son architecture. En témoignent les nombreux voyages qu’aiment effectuer les Suisses pour visiter Saint-Pétersbourg ou la place Rouge. Mais la Suisse est définitivement hostile à ceux qui ont fomenté cette guerre depuis plusieurs années pour des raisons qui appartiennent au passé et pour un prétendu destin mystique de la Russie supérieure aux autres nations.