PakistanPour la première fois, une femme est nommée juge à la Cour suprême
Diplômée de Harvard, Ayesha Malik siégera aux côtés de seize hommes au sein de la plus haute instance judiciaire pakistanaise. Historique.
Une femme juge a été nommée lundi à la Cour suprême du Pakistan, une première dans l’histoire de ce pays où les défenseurs des droits des femmes regrettent que la loi soit souvent utilisée à leur détriment. Ayesha Malik a prêté serment lundi à Islamabad et siégera désormais aux côtés de 16 hommes au sein de la plus haute instance judiciaire du pays.
Ayesha Malik a fait ses études à l’Université de Harvard, aux États-Unis, et a servi comme juge à la Haute Cour de Lahore, dans l’est du Pakistan, ces vingt dernières années. Dans cette juridiction de la province du Pendjab, la plus peuplée du pays, on lui attribue d’avoir contribué à faire évoluer des mœurs judiciaires encore très patriarcales. L’an passé, elle y a interdit un test de virginité, appelé sous sa forme la plus commune test des «deux doigts», qui est censé permettre d’éclairer le passé sexuel des victimes de viols.
Au Pakistan, les viols sont rarement déclarés et la parole des victimes n’a qu’une valeur très relative, une grande partie du pays vivant sous un code patriarcal qui systématise l’oppression des femmes. Le test de virginité peut souvent faire basculer un dossier en défaveur des victimes, ainsi facilement discréditées. Il est particulièrement traumatisant pour celles-ci, aussi soumises à une forte stigmatisation sociale qui les empêche souvent ensuite de se marier.
Nomination controversée
La nomination d’Ayesha Malik pourrait ouvrir la voie à d’autres femmes vers la Cour suprême, historiquement conservatrice. «C’est une énorme avancée», commente l’avocate et militante des droits des femmes Nighat Dad. «C’est l’histoire en route pour le système judiciaire pakistanais.» «Elle a brisé toutes les barrières du système judiciaire et cela permettra à d’autres femmes d’avancer», estime une autre avocate et militante des droits des femmes, Khadija Siddiqi.
Sa nomination n’a toutefois pas été sans susciter la controverse ces quatre derniers mois, certains l’accusant d’être passée devant des hommes juges plus expérimentés et qualifiés. Début janvier, l’Ordre pakistanais des avocats avait appelé à une grève pour protester contre sa nomination attendue.