RussieL’historien du goulag condamné à 15 ans de prison
Iouri Dmitriev avait été arrêté et inculpé en 2016 sur des accusations de pédopornographie car il avait des photos de sa fille adoptive nue.
L’historien russe Iouri Dmitriev, spécialiste de la répression stalinienne, a été condamné lundi à 15 ans de détention pour des violences sexuelles à l’encontre d’une enfant, une affaire politique selon ses partisans. La condamnation de cette figure de Mémorial, ONG de défense des droits humains et gardienne de la mémoire des victimes des goulags, est le premier de trois rendez-vous judiciaires en trois jours en lien avec cette organisation qui risque la liquidation cette semaine. «Iouri Dmitriev a pris 15 ans», a indiqué Memorial sur sa chaîne Telegram.
Peine alourdie
Cette condamnation alourdit de deux ans la peine prononcée en 2020 dans cette même affaire, considérée par les partisans de l’historien comme une mesure de représailles du fait de ses recherches sur les purges meurtrières de l’époque soviétique. La condamnation a été prononcée par un tribunal de Petrozavodsk en Carélie, région du nord russe où M. Dmitriev dirigeait une antenne de Mémorial. Cette organisation, pilier de la société civile russe depuis la chute de l’URSS, fait face à deux procès en liquidation séparés prévus devant la justice mardi et mercredi.
M. Dmitriev avait été arrêté et inculpé en 2016 sur des accusations de pédopornographie car il avait des photos de sa fille adoptive nue. Il avait assuré que ces clichés étaient destinés à suivre la croissance de la fillette et avait été acquitté en 2018. Mais après plusieurs rendez-vous en justice, il a été condamné à 13 ans de détention, une sentence portée à 15 ans lundi.
Répressions staliniennes
Pour de nombreuses ONG, M. Dmitriev paye pour ses recherches sur l’ampleur des répressions staliniennes, une page de l’Histoire dont le Kremlin s’efforce de minimiser l’importance car en contradiction avec le discours officiel sur l’héroïsme et la grandeur de la Russie, héritière de l’URSS.
M. Dmitriev a passé des décennies à localiser des charniers et exhumer les restes des victimes de la répression stalinienne. Sous Vladimir Poutine, un ancien officier du KGB, l’organisation héritière des polices politiques de Lénine et Staline, l’accès aux archives d’État sur ces sujets a été considérablement réduit et les identités des exécutants des purges classées secrètes.