Rachat du Credit SuisseCe qui va arriver pour les clients, les actionnaires et les employés du CS
Avec le rachat de CS par UBS, les actionnaires vont subir de grosses pertes mais les petits épargnants n’ont rien à craindre. Quant aux employés, ils recevront pour l’instant leurs bonus.
Le rachat de Credit Suisse par UBS aura des conséquences sur les clients du CS. Mais elles seront très différentes selon le type de clientèle. On fait le point:
1. Vous avez un compte au Credit Suisse? Peu de choses vont changer
Pour les petits épargnants, pas de panique. Rien ne devrait changer si ce n’est des adaptations prochaines des conditions générales de la future grande banque. Vous pourrez continuer à retirer de l’argent par les canaux habituels, carte bancaire, etc., et à faire vos paiements habituels comme le versement du loyer, etc. Tout devrait continuer à fonctionner.
2. Faut-il craindre pour ses avoirs?
L’argent que vous possédez sur un compte au Credit Suisse est normalement en sécurité. La nouvelle banque UBS est suffisamment capitalisée et il n’y a pas de raisons objectives d’avoir des craintes. D’autant que la Confédération garantit déjà les dépôts jusqu’à concurrence de 100’000 francs par client et par banque. Mais il n’est pas impossible que l’insécurité qui a touché la semaine dernière le Credit Suisse (les clients ont retiré près de dix milliards de francs de fond chaque jour) touche UBS à son tour.
3. Vous avez des actions au Credit Suisse?
Les grands perdants sont les actionnaires du Credit Suisse. Ils ont déjà subi des pertes considérables ces derniers mois. Vendredi soir, le cours était déjà très bas, à 1,86 franc par action. Désormais, celui-ci tournait lundi matin à moins de 70 centimes par action. Ce qui touche durement non seulement les petits actionnaires – qui peuvent toujours vendre leurs actions – mais aussi, par exemple, les caisses de pension. Et ce n’est peut-être pas fini, car le cours de l’action continue de baisser.
4. Vous avez des actions à UBS?
Lundi, la fusion n’avait manifestement pas rassuré les marchés, les Bourses européennes ont ouvert en baisse alors que les asiatiques ont également fini en baisse. Et l’action d’UBS, qui va devenir un géant bancaire sans précédent, perdait près de 13% vers 9h à la Bourse suisse. À voir si les marchés vont se redresser. A noter que UBS a mis en pause ses rachats d’actions.
5. Vous avez des obligations au Credit Suisse?
Les détenteurs d’obligations Credit Suisse, d’une valeur de 17 milliards de dollars, vont perdre leurs investissements après le rachat de la banque par UBS. C’est ce qu’a découvert le «Financial Times» dimanche en fin de soirée. En effet, l’Autorité de surveillance financière FINMA a ordonné que des obligations de Credit Suisse d’un montant de 17 milliards de francs suisses de la catégorie AT1, une classe de dettes bancaires relativement risquée, soient ramenées à zéro.
6. Que va devenir mon hypothèque?
Rien ne devrait changer. Les intérêts seront simplement dus à l’UBS.
7. Vous êtes salarié du CS? Votre bonus sera versé
Mis à part les actionnaires, ce sont les salariés du CS qui seront les principaux perdants de cette fusion. À la fin 2022, Credit Suisse employait 16’700 personnes en Suisse et près de 50’500 dans le monde. Entre 5000 et 10’000 personnes devraient perdre leur emploi, selon les analystes. Des emplois pourraient sauter également à l’UBS, selon Stéphane Garelli, économiste et professeur à l’IMD invité lundi dans La Matinale de la RTS.
Mais pour l’instant, le CS maintient le paiement de ses bonus, malgré le rachat. La direction a envoyé une lettre interne aux employés qui leur demande de venir travailler lundi comme n’importe quel autre jour. Et qui affirme que le prochain tour de bonus le 24 mars ne serait pas affecté. Dans certains pays, la prime a même déjà été versée. En outre, les futures augmentations de salaire seront également réalisées comme prévu.
«Les actionnaires expropriés»
Le rachat du CS par UBS s’est fait dans l’urgence avec l’aval de la Confédération. Mais normalement, les actionnaires des deux banques auraient eu leur mot à dire pour approuver une telle fusion. Du coup, la manœuvre fait bondir Peter V. Kunz, avocat spécialiste du droit économique, dans le Tages-Anzeiger lundi. «Le Conseil fédéral exproprie les actionnaires sans base juridique et sans savoir quel sera le résultat», dénonce-t-il. Selon lui, la Constitution stipule que le droit d’urgence peut être utilisé lorsque la sécurité du pays est menacée ou lorsque de graves troubles de l’ordre public sont imminents. «Ces deux cas ne se présentent pas», indique-t-il. Il craint désormais des actions en justice, de la part notamment des actionnaires arabes qui perdent des centaines de millions de francs.