Formule 1: Charles Leclerc créé la surprise en Azerbaïdjan

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Formule 1Charles Leclerc créé la surprise en Azerbaïdjan

Le jeune Monégasque a soufflé la pole position du sprint à la barbe des deux Red Bull. La course s’annonce difficile, mais en attendant dimanche, la F1 essaie du nouveau en ce samedi.

Luc Domenjoz
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Luc Domenjoz

Un sprint pour meubler

Depuis quelques années, les dirigeants de Liberty Media (la société qui détient des droits commerciaux de la Formule 1 jusqu’en 2110; on a le temps!) ne cachent plus leur aversion pour les essais libres: du temps perdu, sans intérêt, les trois séances d’une heure qui ont lieu les vendredis et samedis matin n’amusent, à les en croire, «que les ingénieurs», qui peuvent y tester plusieurs réglages tout en mesurant l’usure des pneus spécifique à chaque circuit.

Liberty Media a décidé de rendre les Grands Prix plus épicés: dès ce week-end, les qualifications du vendredi décident la grille de départ du Grand Prix du dimanche puis la journée du samedi est considérée comme «à part», avec sa propre séance de qualifications et sa propre course, la course sprint. Tout cela est très joli et devrait amener les télévisions et le public à s’intéresser aux vendredis autant qu’aux samedis, et rendre ces derniers plus intéressants.

Ces deux dernières années, les courses sprint s’étaient en effet limitées à des processions sans intérêt, puisque leur résultat déterminait la grille de départ du Grand Prix de dimanche. La moindre erreur pendant la Sprint coûtait donc cher au départ du vrai Grand Prix et en réalité, il n’y avait pas assez de récompense (quelques points à marquer) pour compenser les risques.

Cette fois, Liberty Media a trouvé la solution: la victoire d’une course sprint vaudra 8 points, la 2e place 7 points, et ainsi de suite, tandis que le classement de la course sprint n’aura aucune incidence sur le Grand Prix, dont la grille est décidée le vendredi. Vous suivez?

6 fois, puis 10…

Ce nouveau format a été confirmé mardi dernier seulement et approuvé unanimement par les écuries, dont aucune n’ose s’opposer aux idées de Liberty Media.

Cette saison, on aura six courses sprint avec qualifications le samedi, contre trois par années jusqu’ici. Il va falloir s’habituer à ce format plus musclé, puisqu’on devrait passer à huit ou dix courses sprint en 2024, avant peut-être d’en avoir pour tous les Grands Prix l’année suivante.

Un circuit très difficile

Organiser une course de plus (la course sprint du samedi) sur le circuit où on dénombre le plus de sorties de route depuis six ans constitue un vrai défi pour les pilotes. Entre les essais du vendredi et du samedi, on ne compte plus les interruptions de séance et les freinages ratés. Charles Leclerc lui-même a manqué deux virages vendredi matin avant de taper les bordures lors des qualifications de la course sprint (le «sprint shootout», c’est-à-dire la «fusillade sprint»).

Au cours des six Grands Prix qui se sont déjà disputés sur le circuit de Bakou, soit 18 places de podiums, sept ont été atteintes par des pilotes qui n’étaient pas qualifiés dans les cinq premiers, ce qui montre à quel point les courses y sont parfois chaotiques. À part la première édition, en 2016, toutes les courses, à Bakou, ont connu de très nombreux rebondissements.

L’éclair Leclerc

Avant que les essais de vendredi ne débutent, il semblait clair que les Red Bull se sentiraient à la maison sur le tracé de Bakou, grâce à ses lignes droites interminables, la vitesse maximale étant le point fort des Red Bull. Pourtant, à l’issue des qualifications, Charles Leclerc a réussi l’exploit de placer sa Ferrari en pole position, sa troisième d’affilée sur ce circuit.

Bien sûr, Charles Leclerc semble détenir un «tuc » sur le tracé de Bakou, mais il a aussi profité des progrès de Ferrari. «Une chose est sûre: nous avons fait un sacré progrès il y a un mois au Grand Prix d’Australie, affirme le Monégasque. Là-bas, ça ne s’est pas trop vu, mais nous étions beaucoup plus à l’aise que depuis le début de la saison.»

À Melbourne, Charles Leclerc était sorti de piste au troisième virage du premier tour, tandis que Carlos Sainz avait été pénalisé en fin de course et ne figurait pas dans les points. Des circonstances qui auraient donc masqué les progrès effectués sur la SF-23. «À quel point ces progrès vont se concrétiser en course, nous n’en savons rien, ajoute Charles Leclerc. Nous verrons. Mais je suppose qu’en rythme de course, les Red Bull vont rester un cran en-dessus de nous.»

Samedi matin, au cours de la qualification de la course sprint, le Monégasque a réussi à signer une nouvelle fois le meilleur temps devant les Red Bull, soufflant une quatrième pole d’affilée sur le circuit de Bakou avant de sortir de route et de taper légèrement les barrières. «C’était une séance assez difficile, parce que nous n’avons eu droit qu’à une tentative avec les pneus tendres, et leur comportement était assez différent d’hier (ndlr: la température de la piste avait augmenté de 16 degrés depuis la veille).»

Départ surprise chez Ferrari

Pour Charles Leclerc, un si bon résultat tombe à pic dans le contexte que vit actuellement la Scuderia: «C’est un peu plus difficile de réussir quelque chose vu les circonstances. Une pole ici, ça fait vraiment du bien.» Chez Ferrari, l’écurie a en effet appris le prochain départ de Laurent Mekiès, qui va rejoindre l’écurie Alpha Tauri (son ancienne équipe) pour en devenir le patron après le départ à la retraite de Franz Tost.

Laurent Mekiès, directeur sportif de Ferrari depuis 2018, va rejoindre prochainement Alpha Tauri.

Laurent Mekiès, directeur sportif de Ferrari depuis 2018, va rejoindre prochainement Alpha Tauri.

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Ce départ tombe mal à l’heure où Frédéric Vasseur comptait beaucoup sur le Français pour l’épauler, voire lui succéder un jour. «Je ne pouvais pas empêcher Laurent de partir, explique Frédéric Vasseur. Je le connais depuis trente ans, et devenir patron d’une des dix écuries de F1 est un boulot qui ne se refuse pas. Pour nous, Ferrari, ce n’est pas la fin du monde. L’écurie compte plus de 1000 personnes, ce n’est pas un ou deux départs qui vont changer notre vie. Les performances viennent du groupe, pas d’une personne.»

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