Emeutes en Nouvelle-Calédonie: déploiement de l’armée après quatre décès

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ÉmeutesÉtat d’urgence mais nuit «moins violente» en Nouvelle-Calédonie

La nuit de mercredi à jeudi a été moins violente en Nouvelle-Calédonie où Matignon a annoncé le déploiement de l’armée en raison des émeutes.

Une barricade dressée par des habitants d’un quartier résidentiel de Nouméa, le 16 mai 2024.

Une barricade dressée par des habitants d’un quartier résidentiel de Nouméa, le 16 mai 2024.

AFP

La nuit de mercredi à jeudi a été «moins violente» en Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique placé sous état d’urgence et où le gouvernement français a annoncé le déploiement de l’armée en raison de violentes émeutes qui ont fait quatre morts, dont un gendarme, sur fond de fronde des indépendantistes contre une réforme électorale.

Après deux nuits d’embrasement meurtrier, celle de mercredi à jeudi «a été moins violente», a déclaré le représentant de l’État français sur l’archipel Louis Le Franc, même s’il a déploré des «affrontements très importants».

Le président français Emmanuel Macron a proposé aux élus de Nouvelle-Calédonie d’avoir un «échange par visioconférence» jeudi, à l’issue d’un nouveau Conseil de défense qui doit se tenir à 11 h 00, a annoncé l’Élysée. Plus tôt mercredi, il avait prôné «la nécessité d’une reprise du dialogue politique» dans ce territoire colonisé par la France au XIXe.

Les violentes émeutes qui ont secoué l’île après de premières altercations dans la journée de lundi, ont fait quatre morts, dont un gendarme de 22 ans touché à la tête par un tir. Plusieurs centaines d’autres personnes ont été blessées, selon le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin.

«Soixante-quatre gendarmes et policiers ont été blessés» et «près de 200 émeutiers ont été interpellés» depuis lundi, a précisé jeudi Louis Le Franc, qui avait qualifié la veille la situation «d’insurrectionnelle».

Face à ces violences, la présidence française a instauré mercredi l’état d’urgence, régime d’exception qui étend les pouvoirs des autorités en vigueur depuis 05 h 00 locales (20H00 en Suisse), et le Premier ministre Gabriel Attal un déploiement militaire qui doit permettre, a-t-il précisé, de «sécuriser» les ports et l’aéroport de Nouméa, fermé depuis lundi.

Louis Le Franc a ajouté jeudi qu’«un pont aérien entre l’Hexagone et le territoire (allait) permettre d’acheminer rapidement des renforts de sécurité intérieure, de sécurité civile et militaires mais aussi du matériel permettant d’assurer la prise en compte des besoins essentiels de la population». Il a aussi décidé «un couvre-feu» et interdit TikTok, un réseau social utilisé par les émeutiers.

Cinq personnes appartenant à la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), frange la plus radicale du Front de libération Kanak socialiste (FLNKS), ont par ailleurs été assignées à résidence, accusées d’être des commanditaires présumés des violences.

Situation «insurrectionnelle»

L’agglomération de Nouméa a de nouveau été la proie des pillages et des incendies, a ajouté Louis Le Franc. C’est là que des riverains ont commencé à organiser la protection de leurs quartiers et érigé des barricades de fortunes, faites de palettes de bois, de bidons et autres brouettes, sur lesquelles ils ont planté des drapeaux blancs. «Il y a aussi des pièges tendus aux forces de l’ordre», qui ont subi des «tirs nourris de carabines de grande chasse», a déclaré Louis Le Franc.

Symbole de cette flambée de violence, le quartier pauvre d’Auteuil, où des tirs nourris résonnaient encore au petit matin, se trouve réduit jeudi à l’état de désolation, a constaté un correspondant de l’AFP, avec son supermarché incendié, ses commerces et restaurants brûlés et pillés.

«Pas entendu»

«Nous venons ramasser ce qu’il y a dans les magasins pour manger. Après, nous n’aurons plus de magasin. On a besoin de lait pour les enfants. Je ne considère pas que ce soit du pillage», a jugé auprès de l’AFP une habitante d’Auteuil, qui a requis l’anonymat.

La violence, «on est obligé de passer par là, de tout péter parce qu’on n’est pas entendu», a assumé un jeune homme vivant dans la commune de Houaïlou, qui a également refusé de donner son nom.

Faute d’approvisionnement des commerces, les pénuries alimentaires ont provoqué de très longues files d’attente devant les magasins.

Point de crispation de la colère des indépendantistes, le projet de réforme constitutionnelle sur le corps électoral a été adopté par les députés à Paris dans la nuit de mardi à mercredi. Il doit encore obtenir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en Congrès.

Ce texte vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l’archipel, à tous les natifs calédoniens et aux résidents depuis au moins dix ans. Les partisans de l’indépendance jugent que ce dégel risque de «minoriser encore plus le peuple autochtone kanak».

Dans une déclaration commune, les principaux partis indépendantistes et loyalistes de Nouvelle-Calédonie ont toutefois lancé mercredi un appel «au calme et à la raison».

Créé en 1955 pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), l’état d’urgence a déjà été instauré huit fois en France afin de répondre à des périls imminents (attentat, guerre) ou des catastrophes naturelles. Réclamée par de nombreuses voix à droite et à l’extrême droite, cette mesure permet notamment d’interdire déplacements ou manifestations.

(AFP)

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