Justice vaudoiseCe recours de la société est une «procédure bâillon»
Après avoir été acquitté en première instance, l’élu vaudois devra répondre devant la Cour d’appel de l’accusation de diffamation pour avoir traité une société immobilière de «voyou».
- par
- Eric Felley
En février dernier, le conseiller communal socialiste lausannois Benoît Gaillard a été acquitté par le Tribunal de police de Montbenon de l’accusation de diffamation. Avec une journaliste de «24 Heures», il était la cible d’une plainte à la suite de propos tenus dans un article paru en 2019. L’élu s’exprimait alors sur les retards du chantier de Bel-Air au centre de Lausanne: «La Ville a trop souvent accordé foi aux engagements d’un propriétaire voyou. Cela fait deux ou trois ans que la durée du chantier excède largement ce qui est admissible dans ce domaine».
Le Tribunal de police s’est penché sur le terme de «voyou», qui constitue l’infraction pour la partie plaignante. Il a innocenté le politicien en estimant que celui-ci avait fait état d’un «jugement de valeur» et non pas une «allégation de faits». Ainsi n’y avait-il pas d’atteinte à l’honneur. Mais la société immobilière visée pense le contraire et a décidé de contester son acquittement et celui de la journaliste. La Cour d’appel pénale du Tribunal cantonal vaudois devra donc se prononcer.
«Tentative d’intimidation»
Cité par «24 Heures», l’avocat de la société – le Groupe patrimoine foncier SA sise à Rotkreuz (ZG) – estime que «le lecteur moyen ne pouvait retenir à la lecture de l’article qu’elle était une société sans foi, ni loi, infréquentable et indigne de confiance envers ses partenaires contractuels». Pour Benoît Gaillard, le jugement de première instance est clair et ce recours contre son acquittement relève «d’une tentative d’intimidation».
Il dénonce «une procédure bâillon»: «C’est une personne morale qui nous attaque, une société qui a d’ailleurs changé de nom et d’administrateurs depuis. Il n’y a pas de personne physique directement concernée par mes propos. D’ailleurs personne de la société n’est venu à la lecture du jugement… Cette situation renforce mon intuition qu’on cherche à m’atteindre politiquement en tant qu’élu, à vouloir me faire taire, plutôt qu’à obtenir réparation».
Quant au chantier Bel-Air à l’origine du coup de gueule de l’élu communal, il n’a pas avancé depuis l’article de 2019. Benoît Gaillard le regrette: «Si ces gens mettaient un peu moins d’énergie à me poursuivre, moi et une journaliste, et un peu plus dans la rénovation de ce bâtiment, les choses s’en trouveraient nettement mieux».