Balkans - Situation tendue au Kosovo, où l’Otan intensifie ses patrouilles

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BalkansSituation tendue au Kosovo, où l’Otan intensifie ses patrouilles

L’Otan a intensifié, lundi, ses patrouilles au Kosovo, après une flambée des tensions dans le nord du territoire. La Serbie a rapproché des blindés près de la frontière.

La communauté internationale, Union européenne en tête, a appelé à la «désescalade» et au «dialogue» face à un nouvel accès de fièvre entre le Kosovo et la Serbie, qui n’a jamais reconnu l’indépendance que le territoire à grande majorité albanaise a déclarée en 2008. Belgrade a rassemblé des véhicules blindés tout près de la frontière.

Les relations déjà difficiles entre les deux voisins se sont encore compliquées voici une semaine, quand le gouvernement kosovar a dépêché des unités de la police spéciale dans le nord, région peuplée en majorité de Serbes qui ne reconnaissent pas l’autorité de Pristina.

Niveau d’alerte relevé

Accusant Pristina de «provocation», Belgrade a relevé le niveau d’alerte de son armée dans la zone frontalière. Celle-ci a déployé lundi quatre véhicules blindés à deux kilomètres d’un poste-frontière, tandis que ses avions de chasse ont survolé, durant le week-end, une zone proche de la frontière, pour la première fois depuis une guerre meurtrière entre forces serbes et indépendantistes albanais (1998-1999).

Lundi, la situation sur la frontière était calme, en dépit de ces mouvements militaires. Les unités spéciales kosovares ont été déployées pour superviser la décision de Pristina de contraindre les véhicules serbes à apposer des plaques kosovares temporaires en entrant au Kosovo. Pristina invoque une mesure de «réciprocité», les véhicules immatriculés «République du Kosovo» - non reconnue par Belgrade - étant contraints, depuis des années, à prendre des plaques serbes temporaires pour entrer en Serbie.

Bureaux attaqués

Furieux, des centaines de Serbes manifestent tous les jours et bloquent avec des camions les routes menant aux deux passages frontaliers du nord, Jarinje et Brnjak. Durant le week-end, deux bureaux d’immatriculation de véhicules kosovars ont été visés par des attaques, et le Premier ministre kosovar, Albin Kurti, a accusé la Serbie de vouloir «provoquer un conflit».

Depuis 1999, lorsqu’une campagne de bombardements de l’Otan avait mis fin au conflit, le Kosovo est sous la protection internationale de la KFOR. Cette force de l’Otan a annoncé, lundi, avoir «augmenté le nombre et la durée de ses patrouilles de routine à travers le Kosovo, y compris dans le Nord», rappelant que sa mission était d’assurer la sécurité et la liberté de mouvement. Depuis plusieurs jours, des survols d’hélicoptères de la KFOR dans la région frontalière sont réguliers.

«Trouver rapidement une solution»

Le Premier ministre albanais Edi Rama, en visite au Kosovo, a qualifié les agissements de Belgrade de «manœuvres militaires théâtrales», se déclarant convaincu que «le dialogue est la seule solution». Alors que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est attendue cette semaine dans les Balkans, Bruxelles a également appelé au dialogue.

«Il est important que les parties s’assoient ensemble, mettent un terme à l’escalade verbale dans la région et trouvent rapidement une solution», a dit Diana Spinant, porte-parole de la Commission européenne. «Il y a de nombreuses activités diplomatiques en cours à la fois à Bruxelles et sur le terrain», a souligné le porte-parole européen pour les affaires étrangères Peter Stano, souhaitant qu’une rencontre de négociateurs des deux parties ait lieu rapidement à Bruxelles.

Compromis compliqué

Albin Kurti s’est dit prêt à discuter avec la Serbie sous la houlette de l’UE, qui orchestre, depuis dix ans, un dialogue censé normaliser les relations entre les deux anciens ennemis. Mais le président serbe Aleksandar Vucic conditionne la reprise du processus par le retrait des forces spéciales kosovares du nord du Kosovo. «Nous sommes attachés à la sauvegarde de la paix», mais «nous ne permettrons en aucun cas l’humiliation de la Serbie et de ses citoyens», a-t-il martelé après une réunion avec des ambassadeurs occidentaux.

Certains observateurs font valoir que la période n’est guère propice au compromis, le Kosovo comme la Serbie faisant face à des échéances électorales, scrutin local en octobre chez le premier, scrutin national pour la seconde l’année prochaine.

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