Hockey sur glaceDébat: la prolongation de Patrick Fischer tombe-t-elle trop tôt?
Le sélectionneur national devrait étendre son contrat à la tête de l’équipe de Suisse jusqu’en 2026. Cette annonce, communiquée mardi soir par la Fédération, ne fait pas l’unanimité.
- par
- Chris Geiger ,
- Cyrill Pasche
Nommé à la tête de l’équipe de Suisse le 3 décembre 2016 en remplacement de Glen Hanlon, Patrick Fischer est en passe d’atteindre la barre des dix ans au poste de sélectionneur national. Mardi soir, Swiss Ice Hockey (SIHF) a communiqué que le contrat du technicien zougois «devrait être prolongé». La volonté de la Fédération est de clore rapidement le dossier, soit avant le prochain Championnat du monde, qui aura lieu à Prague et Ostrava (du 10 au 26 mai 2024).
«Nous sommes convaincus de vouloir poursuivre le travail avec Patrick Fischer en vue du Mondial 2026 en Suisse», a précisé Lars Weibel, le directeur sportif de la SIHF. Cette continuité voulue par les dirigeants de l’instance helvétique ainsi que le timing de cette annonce font toutefois débat eu égard aux derniers résultats de la sélection à croix blanche dans les grands tournois. Deux journalistes du matin.ch en discutent.
Cyrill Pasche: Oui, il n’est pas nécessaire de dérouler le tapis rouge
Le fait que le bail du sélectionneur national soit bientôt prolongé de manière anticipée (jusqu’en 2026) et avant une grande compétition (le Championnat du monde en mai 2024 en Tchéquie) démontre que ce sont bien le sélectionneur et son camp (l’agent zougois Daniel Giger) qui dictent l’agenda.
Nommé en 2019, le directeur des équipes nationales, Lars Weibel, n’a jamais remis en question la légitimité de Fischer au poste de sélectionneur, ni rendu de comptes après les récentes débâcles (notamment après les JO 2022 et au CM 2023). Les contre-performances ont systématiquement été balayées sous le tapis (rouge).
L’annonce de la prolongation imminente du contrat de Fischer permettra d’éviter de devoir remettre en question sa légitimité au printemps prochain si la sélection nationale, comme en 2019, 2021, 2022 (JO et Mondiaux) et 2023, ne franchit pas le cap des quarts de finale et quitte une fois de plus la compétition sur un gâchis. C’est en tout cas l’impression que cela peut donner à ce stade.
Il serait toutefois injuste de juger Fischer uniquement sur son incapacité (hormis en 2018) à franchir un palier avec la sélection nationale. Le Zougois a beaucoup de qualités: il est rassembleur, son discours est constamment porteur de grands espoirs, les internationaux l’apprécient et semblent toujours prêts à le suivre, l’équipe nationale est régulièrement performante durant la phase de groupes du CM. Est-ce suffisant pour ne jamais être mis un tant soit peu sous pression ni remis en question à l’interne? Il faut croire que oui.
Chris Geiger: Non, la décision était inéluctable
Le contrat de Patrick Fischer arrivait à échéance au terme de la présente saison. Swiss Ice Hockey aurait certes pu patienter quelques mois supplémentaires et rendre son verdict à l'issue du prochain Championnat du monde. Mais même une nouvelle contre-performance suisse en Tchéquie n'aurait eu raison de la volonté de la Fédération de poursuivre l'aventure avec l'entraîneur zougois. Rien ne semble, en effet, pouvoir perturber la marche en avant, main dans la main, des deux parties vers 2026 et le Mondial à la maison.
Alors communiquer sur l'inéluctable décision durant le creux de décembre, loin de l'agitation médiatique présente au sortir des grands événements, constitue une stratégie ingénieuse. Celle d'anticiper et d'étouffer les critiques avant qu'elles ne sortent. Le négativisme de mai dernier, après l'élimination en quarts de finale de la Suisse devant l'Allemagne, a certainement servi d'avertissement au sein des hautes sphères.
C'est d'ailleurs à la fin du printemps passé qu'un véritable choix autour de l'avenir de Patrick Fischer aurait dû être effectué. Ce délai passé, la prolongation du sélectionneur national ne faisait plus aucun doute. Dès lors, osons au moins espérer que le timing (précoce) de cette annonce et cette assurance de continuité permettent au technicien alémanique de travailler sereinement et de faire briller l’équipe de Suisse à Prague et Ostrava.