Les activistes du climat font leur cinéma au théâtre

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RéchauffementLes activistes du climat font leur cinéma au théâtre

Un documentaire sur les procès des tennismen au Credit Suisse et des manifestants du Black Friday est projeté sur des scènes romandes avec leurs avocats lisant leurs plaidoiries.

Michel Pralong
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Michel Pralong

La bande-annonce d’«État de nécessité».

Stéphane Goël/Climage

Coup de tonnerre dans le ciel judiciaire vaudois en janvier 2020, le Tribunal de police de Lausanne acquitte les militants pour le climat qui avaient joué au tennis dans une succursale de Credit Suisse. Ils l’avaient fait pour interpeller Roger Federer, dont la banque qui est l’un de ses sponsors, est accusée de financer les énergies fossiles. Le juge avait reconnu que les accusés avaient agi en «état de nécessité», donc qu’ils avaient certes commis un acte illégal mais pour prévenir un danger plus grand, le réchauffement climatique.

Mais ce jugement a été révoqué en appel. Le tribunal ainsi que celui qui a jugé les militants qui avaient bloqué une des nombreuses entrées du centre commercial de Fribourg Centre le jour du Black Friday, ont jugé que les activistes disposaient d’autres moyens, légaux, pour se faire entendre.

De la rue, avec les grandes manifestations pour le climat, le combat contre le réchauffement est passé, notamment en raison de la pandémie, à des actions plus ciblées, puis dans les cours de justice. Stéphane Goël, qui avait réalisé le film sur Jacques Dubochet, «Citoyen Nobel» avait déjà abordé dans ce portrait le combat contre le réchauffement. Et après ces rassemblements populaires auxquels avait notamment participé le Prix Nobel, il a voulu filmer l’étape suivante: la désobéissance civile.

Dans les coulisses des procès

Son nouveau documentaire, «État de nécessité», nous emmène dans les coulisses de ces procès contre les activistes vaudois et fribourgeois du climat. Comme il s’agit d’affaires pénales, pas question de filmer les débats. Mais le réalisateur a eu accès aux préparatifs de la défense, filmant les avocats avec leurs clients. Avocats qui ont tous défendu les activistes gratuitement et ont, depuis, décidé de créer un collectif des avocats pour le climat.

«Ils ont la volonté d’utiliser la justice pour faire pression sur les politiques et accélérer ainsi les décisions pour lutter contre le réchauffement climatique, explique Stéphane Goël. Ce qui est intéressant, c’est qu’il ne s’agit pas forcément d’avocats de gauche, mais de personnes qui ont été sensibilisées par leurs enfants à l’urgence climatique».

Créer l’événement autour d’une projection

Ce documentaire devrait être diffusé fin octobre sur la RTS mais, contrairement au film sur Dubochet, il ne sortira pas en salles. «J’ai constaté que le public ne se déplaçait plus beaucoup au cinéma pour des documentaires sur des problématiques de société. Pour mon film sur Dubochet, les jeunes activistes du climat n’étaient pas dans la salle. Si on veut toucher les jeunes générations, il faut passer par les réseaux sociaux. «État de nécessité» y sera disponible. Mais il y a aussi la solution de faire un film plus court, plus rythmé et d’organiser un événement autour d’une projection publique».

Cet événement, ce sera sa projection dans des salles de théâtre, mises à disposition gratuitement où, après le film de 1 h 10, quatre avocats viendront lire un extrait des plaidoiries qu’ils ont prononcées dans les tribunaux. Cela durera une vingtaine de minutes, puis il y aura un échange avec le public.

Plaider le droit de manifester

Arnaud Nussbaumer sera l’un des quatre avocats présents ce mercredi 21 septembre à la Comédie de Genève. Il a défendu les manifestants contre le Black Friday à Fribourg et est l’un des créateurs du collectif des avocats pour le climat. «Nous devons être environ 80 en Suisse aujourd’hui, nous dit-il. L’un de nos buts, actuellement, est de montrer que la Suisse viole les droits de l’homme en sanctionnant les manifestants, alors que le droit de manifester est fondamental. En attendant que la Cour européenne des droits de l’homme se prononce sur les recours des activistes que l’on voit dans le film, nous continuons à défendre d’autres manifestants. Je m’occupe ainsi de ceux qui avaient versé du charbon dans les locaux de l’UBS à Lausanne».

Ce collectif d’avocats a d’ailleurs présenté vendredi dernier sa nouvelle stratégie offensive, comme le rapportait «24 heures». «L’idée, c’est de pouvoir non seulement défendre les activistes poursuivis, mais d’inverser aussi les rôles et d’attaquer les entreprises et les institutions qui mettent en danger la planète». Sur la scène du théâtre, à Genève, Arnaud Nussbaumer résumera en 5 minutes sa plaidoirie qui en faisait 40. «On reprochait aux activistes de ne pas utiliser les canaux légaux à leur disposition pour se faire entendre. J’ai plaidé qu’ils le faisaient, ils sont tous engagés en politique, ont fait des débats, mais ils ont constaté que cela ne fonctionnait pas. Qu’est-ce qui fonctionne? La désobéissance civile».

L’avocat se dit content d’avoir l’opportunité de monter sur scène pour cet exercice: «Cela va permettre au public d’entendre notre argumentation. Nous sommes souvent invités dans les médias pour en parler, mais nous n’avons jamais le temps de développer notre argumentation. Là, nous pourrons le faire».

Entrée gratuite

Les deux projections agendées sont gratuites, mais il faut s’inscrire pour être sûr d’avoir une place. La première a lieu le 21 septembre à 19 h à la Comédie de Genève. La deuxième le 13 octobre à 19 h 30 au Théâtre de Vidy à Lausanne.

Arnaud Nussbaumer est au centre sur l’affiche du film.

Arnaud Nussbaumer est au centre sur l’affiche du film.

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