Hockey sur glaceLe LHC est-il vraiment une équipe de bandits?
Les ZSC Lions ont dépeint le Lausanne HC comme une équipe de voyous sanguinaires. Un storytelling alimenté avec insistance depuis les derniers play-off. Pourtant, un seul joueur du LHC a dérapé: Mark Barberio.
- par
- Cyrill Pasche
«Ce club est une honte pour la Ligue. Sur et hors de la glace.» Les propos sont de Rikard Grönborg, samedi soir, et ils sont particulièrement violents. Lausanne HC une honte pour la Ligue, vraiment?
Car hormis Mark Barberio, dont la charge avec la canne contre Garrett Roe (mâchoire fracturée) est inacceptable, quels autres joueurs du LHC ont réellement dérapé lors des matches contre le ZSC, ou tout simplement depuis le début de la «crise» entre les deux clubs remontant au printemps dernier? Aucun.
A moins que le classement des équipes les plus pénalisées ne reflète pas la réalité (le LHC est 8e actuellement). Avant les incidents du Hallenstadion samedi dernier, un seul joueur avait été sanctionné d’une pénalité de match cette saison (Floran Douay) et Mark Barberio n’avait écopé que de quatre pénalités mineures en 14 matches.
Rétropédalage zurichois
Le rétropédalage calculé du club zurichois, mercredi via MySports alémanique («Tout le monde doit désormais rester raisonnable», dixit le CEO Peter Zahner) n’y change rien: le mal est fait et l’image du LHC est écorchée pour de bon.
Il y a sept mois durant la série de play-off entre les Lions zurichois et les Lions vaudois, Grönborg avait déjà frontalement attaqué le LHC, qualifiant les joueurs lausannois de «lâches qui ne cherchent qu’à blesser mes joueurs». Des propos appuyés par le CEO en personne, l’influent Peter Zahner. «Faut-il que nous fassions une compilation de toutes les scènes où nous nous sommes fait agresser?», avait-il déclaré dans les médias alémaniques, qui avaient d’ailleurs démarré au quart de tour pour condamner le LHC et alimenter le storytelling initié par les ZSC Lions.
Un storytelling bien nourri
«Voici comment le LHC fait la guerre sur la glace», titrait par exemple la version alémanique de «Watson», qualifiant au passage le capitaine du LHC, Mark Barberio, de «Barbier de Lausanne».
Quelques semaines après avoir titré sur le LHC en évoquant un «trafic d’êtres humains» (Das ist Menschenhandel!) (sic) dans le cadre de l’affaire Genazzi, «Blick» n’a pas hésité à qualifier cette semaine le jeu du LHC de «hockey de bandits» (Banditen-Hockey) tandis qu’un journaliste de MySports alémanique (détenteur des droits TV pour le hockey suisse) encourageait sur Twitter le capitaine Mark Barberio «à chercher de l’aide» pour se faire suivre psychologiquement.
Dans l’imaginaire collectif, outre Sarine, les Lions du LHC sont ainsi définitivement des voyous.
La question qui se pose désormais est de savoir si le Lausanne HC, dont la réputation est au plus bas, risque d’être défavorisé, sur et hors de la glace, à l’avenir. Dans l’émission «Overtime» de MySports ce lundi sur le web, Stéphane Rochette a subtilement abordé ce thème en déclarant que «ceux qui appliquent les sanctions vivent dans le même monde que nous, lisent et entendent aussi ce qui se dit…» Des propos que le spécialiste de hockey avaient déjà tenus lors des derniers play-off.
La sanction contre Mark Barberio, qui doit tomber ce jeudi, apportera sans doute quelques éléments de réponses. Même si son geste contre Garrett Roe est inexcusable, le Canadien doit avoir droit à un procès équitable.