GenèveLe père qui a enlevé ses enfants rassure et donne sa version
L’homme qui a disparu de Thônex mardi avec ses deux bambins a contacté la presse. A l’en croire, son geste s’inscrit dans le cadre d’un conflit avec les institutions de protection de l’enfance.
- par
- Jérôme Faas
Le père qui a enlevé son fils de 5 ans et sa fille de 7 ans mardi à la sortie de l’école de Pont-Bochet, à Thônex, a donné de ses nouvelles. Il a envoyé ce mercredi à la presse un long courrier expliquant son geste, dans lequel il rassure quant à la sécurité des bambins. En substance, il y indique son désaccord profond avec diverses décisions du Service de protection des mineurs (SPMI) et du Tribunal de protection de l’adulte et de l’enfant (TPAE). Etant interdit de tout contact avec eux depuis une quarantaine de jours, il a donc pris la décision de les emmener avec lui. «Par mesure de protection envers mes enfants, j’ai pris la décision de les extraire momentanément de cette spirale institutionnelle fonctionnant en vase clos».
Il donnera des nouvelles
Le père assure que les bambins «sont en parfaite sécurité auprès de lui» et seront «préservés de tous les dangers». Il écrit par ailleurs qu’il acceptera «un retour à la table des négociations» si le dossier est «transmis à une autorité tierce et indépendante pour qu’un réexamen de fond soit réalisé». Il précise que dans l’intervalle, il donnera régulièrement des nouvelles des petits à leur mère, ainsi qu’à la police, «via email et photos dépourvues de métadonnées».
Un antécédent récent
Il ressort du courrier que cet enlèvement intervient dans un contexte de lourd conflit familial, l’homme accusant la mère des enfants de maltraitance. Selon nos informations, un désaccord autour de la garde a fait office de détonateur dans ce dossier qui dure depuis plusieurs années. Les parents se partageaient initialement les bambins sous le régime de garde alternée, jusqu’à ce que, récemment, la garde soit confiée à la mère. A la suite de cette décision, l’homme avait déjà disparu durant un week-end avec ses enfants voici un peu plus d’un mois. Il était depuis sous le coup d’une interdiction d’approcher les petits, qu’il n’a manifestement ni acceptée, ni supportée. Cet épisode avait par ailleurs débouché sur le placement de la fillette dans un foyer d’urgence.
Un signe de vie est une bonne chose
La police genevoise, qui a reçu le courrier du père de même que divers organes judiciaires, politiques et médiatiques, indique que de gros moyens sont toujours engagés, comme mardi soir, pour retrouver les enfants, qui sont susceptibles d’avoir été emmenés en France voisine. Son porte-parole Alexandre Brahier ne peut se prononcer sur le danger réel qu’ils courent, mais relève cependant que les forces de l’ordre «préfèrent de manière générale quelqu’un qui donne signe de vie plutôt que l’inverse».
Préméditation
Une chose paraît certaine: le geste du père était prémédité. D’une part, il apparaît improbable que son courrier long de six pages ait été rédigé à la hâte. D’autre part, il fait savoir à la police qu’il est inutile de «venir démolir la porte» de son entreprise. «Ce message part d’un des postes de travail de l’atelier via un logiciel de contrôle à distance des machines, la connexion sur cette machine étant cryptée en cascade.»
L’homme est représenté depuis la semaine passée par l’avocat neuchâtelois Me Frédéric Hainard. Ce dernier est familier de ce type de dossier, puisqu’il est apparu dans l’affaire des deux jumeaux espagnols brièvement enlevés à la Chaux-de-Fonds le 14 octobre par leur père. Il défend ce dernier, qui avait été interpellé en France avant d’être relâché. Dans le cas présent, il se dit «convaincu que les enfants sont en sécurité» et précise que Laurent V. a envoyé quinze photos d’eux à la police, dont deux qui démontreraient que la fillette a les oreilles infectées depuis de nombreux jours.
«Très inquiètes pour les enfants»
Me Sandrine Tornare, avocate de la mère des enfants, insiste sur sa volonté de «rester très neutre» dans cette affaire, qui est actuellement pendante au Tribunal fédéral. «C’est un dossier judiciaire très dense qui occupe la justice depuis trois ans.» Elle indique que «ma cliente et moi-même sommes très inquiètes pour les enfants, mais faisons confiance à la police». D’entente avec la maman, elle ne souhaite en revanche pas commenter le fond du dossier, jugeant une telle démarche contre-productive.
Développement suit.