Jura:La cigogne «Porrentruy» boude sa ville natale

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JuraLa cigogne «Porrentruy» boude sa ville natale

L’échassier équipé d’une balise à sa naissance échappe a tous les pièges, mais cette grande voyageuse a choisi l’Allemagne.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
La cigogne «Porrentruy» a été photographiée du côté de Hambourg (D), où elle passera l’été.

La cigogne «Porrentruy» a été photographiée du côté de Hambourg (D), où elle passera l’été.

H.-L. Kordländer

Depuis six ans, une cigogne blanche équipée d’une balise à sa naissance à Porrentruy ne cesse de ravir son parrain Michel Juillard. Ce lundi matin, le biologiste a donné des nouvelles de sa protégée, qui porte le nom de sa ville natale: «Après un périple de 2300 km en direction du nord-est, la cigogne blanche «Porrentruy» a regagné son nid en Allemagne du Nord», a-t-il indiqué.

Quel chemin parcouru, avec une bonne dose de chance, tant les obstacles sont nombreux pendant les migrations! Michel Juillard craint surtout une électrocution, les cigognes ayant pour habitude de se poser sur les pylônes des lignes électriques. Mais les pièges se nichent aussi dans les décharges, avec du poison destiné aux rats, mais aussi du plastique ingurgité: «Un simple élastique peut se révéler mortel», soupire Michel Juillard, qui craint aussi le braconnage.

«Grande voyageuse»

Le 2 mars dernier, Porrentruy a quitté la décharge de Pinto, à Madrid, pour se rendre à Fredenbeck, directement sur le nid qu’elle a occupé en 2022. «Elle a mis 13 jours pour parcourir la distance qui sépare les deux stationnements, ce qui fait en moyenne 177 km par jour», calcule Michel Juillard, en relevant que sa plus grande étape a été de 481 kilomètres.

«Extraordinaire, cette bête! C’est une grande voyageuse», s’exclame Michel Juillard. Sauf que… «Porrentruy» n’est jamais passée par sa ville natale, préférant la voie Atlantique, à 200 kilomètres. «On n’a pas de chance, mais elle est libre de vivre sa vie», commente Michel Juillard. «Porrentruy» a choisi de migrer avec des cigognes allemandes, alors que d’autres passent l’été… en Ajoie, où 55 couples sont recensés.

Quatrième nidification

À l’inverse, «Porrentruy» s’est fait connaître en Allemagne, grâce à sa géolocalisation. «Grâce à elle, des touristes allemands venus en car connaissent le château de Porrentruy et… le HC Ajoie!» rigole l’ornithologue de Miécourt, animateur de la fondation des Marais de Damphreux.

À six ans, «Porrentruy» va débuter, si tout va bien, sa quatrième nidification. «La première a échoué en 2020, puis la deuxième et la troisième lui ont permis d’élever deux fois deux jeunes jusqu’à l’envol, dans le nord de l’Allemagne», détaille Michel Juillard.

Capteurs solaires

Tant que sa lanière en kevlar ne cédera pas par usure, la balise de «Porrentruy» permettra de suivre ses allées et venues, grâce à une batterie rechargée par des capteurs solaires. «Avec la faible intensité lumineuse de l’hiver, il nous est arrivé de perdre le contact établi par impulsions. On a même cru que c’était fini…», confie Michel Juillard.

L’espoir de voir sa protégée passer par Porrentruy n’est pas perdu pour le biologiste de Miécourt. «D’instinct, elle sait où elle est née», assure ce passionné. Qui sait, au prochain équinoxe…

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