Procès d’Eric Zemmour«Une condamnation idéologique et stupide»
Le candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle a écopé de 10’000 euros d’amende pour provocation à la haine. Il va faire appel.
Eric Zemmour a été condamné lundi à 10’000 euros d’amende pour provocation à la haine pour des propos sur les mineurs migrants isolés. Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet et infligé au candidat d’extrême droite à la présidentielle une peine de 100 jours-amende à 100 euros, avec possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement. Son avocat a annoncé qu’il ferait appel. Absent pour le jugement, cet habitué des procédures judiciaires a immédiatement dénoncé «une condamnation idéologique et stupide».
«C’est la condamnation d’un esprit libre par un système judiciaire envahi par les idéologues. Rien que de très tristement habituel, en somme», a dénoncé Eric Zemmour dans un communiqué, estimant qu’il était «urgent de chasser l’idéologie des tribunaux».
Déjà poursuivi à de nombreuses reprises pour injure raciale, provocation à la haine ou contestation de crime contre l’humanité, l’ex-polémiste était cette fois cité à comparaître pour des propos tenus sur la chaîne CNews, dont il était alors le chroniqueur vedette. Le 29 septembre 2020, lors d’un débat dans l’émission «Face à l’info», il avait affirmait: «Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent». «C’est une invasion permanente», «c’est un problème de politique d’immigration», avait-il ensuite ajouté.
«Un projet de haine»
Le tribunal a aussi condamné le directeur de publication de CNews, jugé au côté d’Eric Zemmour comme c’est l’usage dans les procès de presse, à 3000 euros d’amende.
«C’est une décision importante car derrière ce projet médiatique, il y a un projet politique, un projet de haine qui tend à stigmatiser les personnes en raison de leur origine, de leur confession, de leur race», s’est félicité Arié Alimi, avocat de la Ligue des droits de l’Homme (LDH). Une trentaine d’associations s’étaient constituées parties civiles ainsi qu’une vingtaine de conseils départementaux. Les mineurs non accompagnés sont en effet pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, gérée par les départements.
Jugé pour contestation de crime contre l’humanité
Les sorties controversées d’Eric Zemmour, 63 ans, lui ont valu depuis une dizaine d’années une quinzaine de poursuites en justice. Plusieurs fois relaxé, il a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine. Le candidat d’extrême droite doit être jugé en appel jeudi pour contestation de crime contre l’humanité après avoir soutenu en octobre 2019 sur CNews que le maréchal Philippe Pétain avait «sauvé» les juifs français.
Il avait été relaxé en février 2021, le tribunal estimant que les propos avaient été prononcés «à brûle-pourpoint lors d’un débat sur la guerre en Syrie». Zemmour a aussi été assigné, le 27 janvier, par des sociétés et des personnalités du cinéma pour contrefaçon, après l’utilisation non autorisée d’images dans son clip d’entrée en campagne.