France: L’accusatrice du sénateur Joël Guerriau sort du silence

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La députée Sandrine Josso, qui accuse le sénateur de l’avoir droguée en vue de la violer, a témoigné pour la première fois publiquement ce lundi sur France 5.

Lundi soir dans «C à vous», Sandrine Josso a raconté sa version des faits qu’elle reproche au sénateur Joël Guerriau.

Lundi soir dans «C à vous», Sandrine Josso a raconté sa version des faits qu’elle reproche au sénateur Joël Guerriau.

Capture d’écran France 5

«J’ai cru mourir»: le premier témoignage public de Sandrine Josso a fait monter la pression sur le sénateur Joël Guerriau, accusé d’avoir drogué la députée en vue de l’agresser sexuellement, tandis que le président du Sénat réclame la «mise en retrait» de l’élu. «J’ai juste eu l’instinct de survie nécessaire», a-t-elle confié dans l’émission «C à vous», sur France 5, moins d’une semaine après les faits.

La députée de Loire-Atlantique a raconté être allée «en confiance» et «en toute amitié» fêter la réélection de son collègue sénateur, élu dans le même département. «Un ami depuis dix ans» dont elle s’étonne de «l’insistance» à trinquer plusieurs fois au champagne – dont le goût «sucré» la surprend – tout en jouant avec le variateur d’éclairage du salon.

«Il mettait la lumière très fort, puis la baissait», technique connue pour «augmenter l’efficacité de la drogue» comme lui ont expliqué plus tard les médecins de l’hôpital Lariboisière où elle a fini la nuit. Prise de «palpitations» et de «sueurs», elle voit alors son hôte ranger «un sachet blanc sous le plan de travail» de sa cuisine – de l’ecstasy, que les policiers retrouveront au même endroit lors d’une perquisition.

«J’avais l’impression de faire une crise cardiaque»

«Là, je comprends», mais «j’étais déjà sous l’effet de la drogue, mes jambes tremblaient», a-t-elle poursuivi. Pour s’extirper du piège, elle commande un taxi et s’aperçoit que son hôte la suit «dans l’ascenseur, dans la cour, jusqu’au taxi». «J’étais paniquée, mon cœur battait… J’avais l’impression de faire une crise cardiaque», a ajouté celle qui se dit encore «en post-trauma» et «sursaute tout le temps».

Voulant faire de son cas un exemple, Sandrine Josso a estimé qu’«on peut tous subir ce que j’ai subi» et que «(son) devoir est de sensibiliser», mais aussi d’«enjoindre le gouvernement à faire quelque chose par rapport à ce fléau» de la soumission chimique. Pour ce qui est de son agresseur présumé, «je m’occupe pas de lui, il fait ce qu’il a à faire», a-t-elle balayé.

Principe de dignité bafoué

D’autres ont pris position à sa place, notamment Gérard Larcher, qui a «invité» Joël Guerriau «à se mettre en retrait de toutes ses activités liées à son mandat de sénateur», en particulier «ses fonctions de secrétaire au Bureau du Sénat et de vice-président de la commission des affaires étrangères». Une demande motivée par «l’extrême gravité des faits reprochés au sénateur et (le) principe de dignité qui s’attache à l’exercice du mandat parlementaire», a souligné le président du Sénat.

Mis en examen vendredi soir pour «administration à l’insu de (Sandrine Josso) d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre un viol ou une agression sexuelle», ainsi que «détention et usage de substances classées comme stupéfiants», Joël Guerriau est depuis placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact avec la plaignante.

Guerriau lâché de toutes parts

Bien qu’il conteste, par la voix de son avocat, toute intention malveillante et plaide «une erreur de manipulation», le sénateur – qui ne bénéficie pas de l’immunité parlementaire dans cette affaire «en flagrance» – est déjà lâché de toutes parts. Les premières sanctions politiques sont d’ailleurs déjà tombées: coup sur coup samedi, son parti politique Horizons, puis son groupe parlementaire ont décidé de le suspendre et d’ouvrir des procédures disciplinaires pouvant aboutir à son exclusion.

(AFP)

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