Ski alpinMichelle Gisin est privée de descente
C’est Joana Haelen, victorieuse du dernier entraînement, qui disputera l’épreuve reine des Jeux de Pékin, mardi, au détriment de la médaillée de bronze du super-G. Lara Gut-Behrami, Corinne Suter et Jasmine Flury étaient déjà qualifiées.
- par
- Christian Maillard Yanqing
Il y a un gros cri dans l’aire d’arrivée qui a résonné dans toute la montagne, peut-être bien qu’on l’a entendu jusqu’à Pékin! C’était cri de joie bien sûr, de soulagement aussi, de celle qui venait d’apprendre qu’elle avait réussi son examen, qu’elle était retenue pour défendre les couleurs de la Suisse dans la descente olympique. Joana Haelen, 14e à Lake Louise et 8e à Garmisch, disputera donc l’épreuve reine ce mardi. La Bernoise de 30 ans a mérité sa qualification en remportant brillamment le deuxième entraînement devant l’Allemande Kira Weidle de 0’’23 et la Norvégienne Ragnhild Mowinckel de 0’’59 alors que Sofia Goggia, de retour de blessure, est quatrième à 0’’61.
Tandis que Lara Gut-Behrami, Corinne Suter et Jasmine Flury - qui ont pu peaufiner leurs réglages sans pression - avaient déjà été choisies par Swiss Ski pour représenter notre pays en descente, c’est donc Michelle Gisin qui a perdu à la roulette cette course de sélection face à une athlète qui avait été écartée il y a quatre ans à PyeongChang lors des qualifications internes.
L’Obwaldienne, médaillée de bronze en super-G, pourra donc préparer sereinement le combiné où elle a un titre à défendre. «C’est toujours un peu spécial quand tu es en sélection, soupirait Michelle Gisin après la décision du chrono. Car tu dois aller vite sur une nouvelle descente que tu découvres sans prendre trop de risques non plus. Je pense qu’avec la neige froide tombée ce matin, la piste était devenue de plus en plus rapide.» Et oui, elle ne le dit pas, Michelle, mais Joana Haelen, qui avait un dossard plus élevé, en a profité…
Alors que Priska Nufer a aussi été recalée et disputera le combiné en compagnie de Wendy Holdener et de Gisin, la Fribourgeoise Noémie Kolly, 14e ce lundi, va rentrer au pays ce mercredi après avoir ouvert grand ses yeux pour une première expérience sans course mais très enrichissante. «Franchement, c’était vraiment cool à skier ce lundi, s’emballe la néophyte de 23 ans. Si lors du premier entraînement, ça tapait beaucoup avec une visibilité qui n’était pas top, pour ce second essai chronométré je me suis éclatée. Malheureusement, voilà, je savais que ça allait être compliqué pour se qualifier. Mais je me battais contre les meilleures du monde et je suis ravie d’avoir si bien skié.»
Il peut même y avoir des regrets sachant que la Fribourgeoise n’accusait que 36 centièmes de retard au dernier temps intermédiaire sur Haelen. «Il y avait un peu de neige fraîche qui m’a freinée et en plus je n’avais pas pris mes skis de course, reconnaît Noémie. Pourquoi? Parce que le premier entraînement m’a «bousillé» mes skis et que je n’ai pas une trentaine de paires comme certaines et que j’en ai besoin pour mes prochaines courses.» Ce sera à Crans-Montana où elle avait brillé la saison dernière en se classant 12e du super-G.
Noémie Kolly va donc quitter la Chine ce mercredi sans compétition et… sans regret. «Car comme je l’ai déjà dit, je ne pensais même pas être sélectionnée, sourit la Gruérienne. C’était déjà incroyable d’être là. Il y a d’ailleurs longtemps que je n’avais eu autant de bonheur à skier car parfois tu es tellement à fond dans une compétition que tu oublies de te faire plaisir. Même lors de ces qualifications, je n’avais pas le stress d’une course, c’était vraiment génial.»
Son sourire en bandoulière, qui ne l’a pas quitté du côté de Yanqing, elle n’est pas près d’oublier ses premiers Jeux, Noémie. «Tout était si grand, tellement plus grand que le reste de la saison, où tu as aussi le sentiment incroyable que toute l’attention est portée sur toi, que partout où tu vas tu as le soutien de tout le monde même des gens que tu ne connais pas. Peut-être parce que tu es aux Jeux et qu’ils se disent que tu es quelqu’un.»
Dans quatre ans, Noémie Kolly aura 27 ans et du côté de Milan, la Fribourgeoise sera «quelqu’un» d’autre, avec plus d’expérience et des ambitions différentes.