Football: Raphaël Wicky, au nom du coaching gagnant

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FootballRaphaël Wicky, au nom du coaching gagnant

L’entraîneur valaisan a glissé quelques mots à l’oreille de Meschack Elia, le destin de Young Boys a basculé et les portes de la Ligue des champions se sont ouvertes.

Florian Vaney Berne
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Florian Vaney Berne
Raphaël Wicky vivra la Ligue des champions avec Young Boys pour la première fois.

Raphaël Wicky vivra la Ligue des champions avec Young Boys pour la première fois.

Claudio De Capitani/freshfocus

Le football est un terreau fertile aux lieux communs. Certains d’entre eux se veulent simplement réducteurs. Exemple: ce match s’est joué sur des détails. D’autres peuvent devenir particulièrement pénibles à l’oreille à force, parce que carrément faux ou systématiquement orientés à côté de la plaque. Raphaël Wicky a choisi de mener la vie dure à l’un d’eux mardi. Au moment de se qualifier avec Young Boys pour la Ligue des champions, l’entraîneur bernois a fait rejaillir une question: qu’est-ce qu’un «coaching gagnant»? 

L’univers du foot a admis que ce sésame se réservait majoritairement à une situation: faire entrer en jeu un remplaçant et le voir marquer un but important. Quand bien même le changement aurait pu avoir été prévu avant le coup d’envoi, quand bien même l’entrant n’a fait que pousser au fond des filets un ballon qui traînait sur la ligne de but, quand bien même il constituait la seule option valable pour remplacer en urgence un coéquipier blessé. C’est noir ou c’est blanc.

Le point de bascule

Pas de chance pour Raphaël Wicky, son équipe s’est montrée trop forte face au Maccabi Haïfa pour lui permettre de couronner sa soirée d’un coaching gagnant. Les Bernois menaient déjà 3-0 à la 46e, leur entraîneur n’avait pas eu l’occasion d’effectuer le moindre changement jusqu’ici et le score n’allait plus bouger.

Le fait est que ce sont peut-être quelques tout petits mots du technicien valaisan qui ont changé le cours de l’histoire. YB s’est offert un jackpot d’entrée en C1 à 15 millions de francs. Il s’est assuré trois belles affiches européennes à domicile cet automne, déjà prêtes à donner de l’écho à la bouillante ambiance du Wankdorf mardi. Tout en renforçant sa domination sur le football suisse pour les années à venir. Le point de bascule où Young Boys a failli passer à côté de tout ça a existé. Il faut s’en souvenir. Et remonter aux environs de la 20e minute.

Quelques mots sur un plateau

C’est là, alors que le champion de Super League vient d’échapper trois fois à l’ouverture du score israélienne, que Raphaël Wicky appelle Meschack Elia vers lui. Comme à l’aller, YB se montre globalement inoffensif. Pour plusieurs raisons, dont le fait qu’Elia se trouve probablement trop proche de Cédric Itten en pointe. Quels mots le coach et son attaquant ont-ils échangé, juste devant la zone technique bernoise? «Je lui ai demandé de coulisser à droite. Comme Haïfa ne jouait pas à quatre derrière comme annoncé, mais à trois, il existait de l’espace à exploiter sur les côtés. Notamment à droite.» Soit dans le dos du couloir Dolev Haziza, un fin manieur de ballon moins à l’aise pour défendre.

Une grosse poignée de secondes plus tard, Meschack Elia campe le long de la ligne de touche lorsque Fabian Rieder parvient à lui glisser le ballon. Le Congolais est seul. Tout seul. Il peut prendre son temps pour armer le centre qui allait offrir le 1-0 à Cédric Itten. Alors, coaching gagnant? Il faut garder les yeux cinq minutes supplémentaires sur le match pour finir de s’en convaincre. Elia perce sur la droite, adresse un nouveau centre dans la surface. Abdoulaye Seck panique et, manque de chance, son intervention lobe son propre gardien pour le 2-0. Young Boys possédait une bonne étoile au-dessus de la tête, c’est certain. Mais la situation n’en découlait pas moins d’un élément déclencheur.

Après avoir ramené le titre de Super League dans la capitale la saison dernière, YB vient de se replacer sur la plus importante des cartes européennes. En évoquant l’importance de chaque rouage du club, des physios aux remplaçants, Raphaël Wicky a préféré partager les lauriers qui lui étaient tressés. À raison. Même si le destin de tous ces gens tient peut-être aux quelques mots qu’il a glissés à l’oreille de Meschack Elia.

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