RussieLes autorités arrêtent un militant LGBT pour «haute trahison»
Alors que le gouvernement durcit toujours plus les conditions de vie des personnes LGBT, les services de sécurité annoncent l’arrestation d’un militant soupçonné de «financer l’armée ukrainienne».
Les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé jeudi avoir interpellé un militant transgenre accusé de «haute trahison» au profit de l’Ukraine, au moment où les députés russes doivent examiner un projet de loi interdisant les transitions de genre. «Le FSB a déjoué les activités illégales d’un citoyen russe, habitant de la région d’Oriol, impliqué dans un crime de haute trahison pour avoir fourni une aide financière aux forces armées ukrainiennes», a indiqué le FSB dans un communiqué.
Dans une vidéo de l’arrestation tournée par le FSB et diffusée par les médias d’État russes, des hommes cagoulés et armés, en gilet pare-balles et treillis camouflé, sortent d’une camionnette et plaquent brutalement le suspect contre un mur dans la rue. «Au secours», dit le suspect, dans un gémissement, avant d’être menotté et conduit dans la camionnette. Selon le FSB, l’interpellé est un militant LGBT+ transgenre ayant été assigné femme à la naissance et qui travaille comme bénévole pour l’ONG renommée OVD-Info documentant les répressions politiques en Russie.
Crime passible de prison à vie
Toujours selon le FSB, le suspect est aussi l’administrateur d’un projet ayant organisé des transferts d’argent vers des organisations en Ukraine «dans le but de financer» l’armée ukrainienne. Il est visé par une enquête pour «haute trahison», un crime passible de la prison à vie en Russie.
Cette arrestation intervient alors que les députés russes doivent étudier jeudi en deuxième lecture un nouveau projet de loi qui vise à interdire les transitions de genre, en pleine frénésie conservatrice anti-occidentale. Depuis l’offensive en Ukraine, lancée en février 2022, les autorités russes multiplient les mesures conservatrices, notamment contre les LGBT+, en affirmant vouloir éliminer des comportements qu’ils considèrent déviants et venus d’Occident. La Douma, chambre basse du Parlement russe, a notamment voté une loi en juin 2023 interdisant les changements de sexe. Niveau surveillance, le pouvoir a déployé toute une série de mesures visant à accroitre la répression sur les dissidents à la guerre. Les technologies numériques permettent de les tracer plus rapidement.
Projet de loi contre les personnes transgenres
Ce projet de loi interdit les interventions médicales et les changements à l’état civil pour les transitions. Seule exception: les «anomalies congénitales» chez les enfants, sur décision d’une commission médicale au niveau fédéral.
La Douma précise encore que le texte interdira clairement les traitements hormonaux pour les transitions.