FootballCette Suisse poussive ne méritait pas de gagner
À Pristina, le Kosovo revient deux fois au score pour s’offrir un nul mérité (2-2). Qui pointe le doigt sur les manquements suisses.
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Zeki Amdouni (à droite) et ses coéquipiers ont été tenus en échec par le Kosovo de Leart Paqarada.
AFPPristina n’avait rien d’un enfer pour la Suisse, mais la sélection de Murat Yakin a tout de même réussi le tour de force de se prendre les pieds dans le tapis au Kosovo. Déficit de rythme, d’intention, de justesse: une Suisse poussive a laissé les Kosovars égaliser à deux reprises, de manière méritée, même si le 2-2 est tombé à la 94e minute. La Suisse avait donc mené 0-1, puis 1-2, s’égarant deux fois dans la forme et dans le fond. Comme en fin de match face à la Roumanie au mois de juin.
Au classement du groupe I, la sélection helvétique, en tête, a donc seulement deux points d’avance sur la Roumanie et trois sur Israël (qui ont fait 1-1 dans le même temps). Rien de glorieux pour Murat Yakin et les siens, dans un groupe si faible que la Suisse ne sait pas dominer vraiment.
Xhaka et Shaqiri ovationnés
Rien n’explique les difficultés rencontrées par les Suisses. Au début, les cris de joie de tout un stade racontaient même une fierté. Avant même le coup d’envoi, la sélection suisse a été applaudie, avant que Xhaka et Shaqiri ne soient ovationnés. Dans le petit stade Fadil Vokrri, aucune tension, comme prévu: cette Suisse, qui a su accueillir et faire grandir des joueurs originaires du Kosovo, n’avait rien à craindre. Ou alors sa propre contre-performance. Le piège était là: elle est tombée dedans.
Par-delà les émotions, plus fortes pour qui l’on sait, il y avait donc un match à gérer face à un Kosovo qui peut être surprenant. Par intermittence. Le nécessaire a été fait dès la 14e minute de jeu. Une action simple, limpide, avec Edimilson qui se retrouve sur le côté droit et qui ajuste un centre pour Freuler: reprise parfaite du joueur de Bologne. La Suisse se devait de montrer sa supériorité individuelle et collective: elle l’avait fait en la circonstance.
C’est après que les intentions se sont évanouies. Trop d’espaces laissés au milieu, moins de maîtrise, comme l’idée d’un ronronnement ou d’une incapacité à enfoncer le clou. Une crasse absence de rythme pour tout dire, comme si tout était ouaté. Le Kosovo a sans doute des soucis dans la constance, dans le contenu même d’un match, mais il y a un potentiel certain et face à cette Suisse qui ne forçait pas le trait, les hommes de Gliha ont alors montré le bout du nez à quelques reprises. Autant d’avertissements pour les hommes de Yakin.
La Suisse a craqué
C’est après la pause que les choses ont viré au vinaigre. Cette Suisse poussive jouait à se faire peur: elle allait être punie. Décalé sur la droite, Rashica effaçait un Rodriguez égaré, avant de centrer pour Muriqi, oublié par Schär. Trop d’erreurs pour éviter la sanction: une tête parfaite du buteur kosovar pour égaliser. Rien d’immérité.
C’est avec une belle ouverture de Shaqiri pour Rodriguez et un centre de ce dernier pour Freuler, que cette Suisse en grande délicatesse a pu forcer le passage. Et grâce à une déviation malheureuse de Rrahmani qui trompait son propre portier en voulait contrer l’envoi de Freuler.
Mais cela n’a pas suffi. Comme en juin contre la Roumanie, la Suisse a craqué dans les ultimes secondes, à la 94e en concédant le 2-2 avec l’inévitable Muriqi à la conclusion.