Crise bancaireUBS accepterait de doubler la mise pour racheter Credit Suisse
Selon le «Financial Times», UBS aurait d’abord proposé de racheter Credit Suisse pour un milliard de dollars, avant de monter à deux milliards suite aux réticences de sa rivale.
La plus grande banque de Suisse UBS, poussée par les autorités, aurait accepté dimanche d’acheter sa rivale Credit Suisse pour 2 milliards de dollars, selon le «Financial Times», acceptant de doubler la mise in extremis pour empêcher une débâcle et un mouvement de panique sur les marchés lundi. Selon le quotidien financier, UBS a accepté de doubler le montant initialement proposé pour surmonter les réticences de Credit Suisse et de l’un de ses principaux actionnaires.
Course contre la montre
La transaction se ferait uniquement en actions UBS et valoriserait l’action Credit Suisse à un prix de 50 centimes, au lieu des 25 initialement proposés, qui reste très inférieur au cours du titre vendredi à la clôture (1,86 franc). La transaction est examinée à Berne par le Conseil fédéral déjà réuni d’urgence jeudi et samedi. Ce dernier doit informer les parties concernées à partir de 19h, et ensuite donner une conférence de presse à 19h30 pour dévoiler les détails de l’accord.
La fusion entre ces géants bancaires qui font tous les deux partie du club très fermé des 30 établissements bancaires trop importants pour le système financier mondial pour les laisser couler doit en tout état de cause être concrétisée avant l’ouverture de la Bourse à 8h00 GMT lundi (9h en Suisse), pour éviter une vague de panique.
La banque d’investissement au centre des débats
Selon l’agence Bloomberg, UBS aurait exigé que les pouvoirs publics prennent en charge des frais légaux et des pertes potentielles qui peuvent se chiffrer en milliards de francs. Samedi, les discussions butaient sur la banque d’investissement, selon l’agence financière, un des scénarios à l’étude étant une reprise uniquement de la gestion d’actifs et de fortune avec une cession de la banque d’investissement.
Les discussions porteraient aussi sur le sort à réserver à la branche helvétique de Credit Suisse, un des pans profitables du groupe qui a perdu 7,3 milliards de francs l’année dernière et table encore sur des pertes «substantielles» en 2023. Cette branche rassemble la banque de détail et les crédits aux PME. Une des pistes envisagées par les analystes est celle d’une introduction en Bourse, qui pourrait limiter les licenciements en Suisse en raison des doublons avec les activités d’UBS. Dimanche, le syndicat des employés de banques en Suisse a «exigé» la participation des partenaires sociaux aux discussions, compte tenu des enjeux «énormes» pour l’emploi.
Secteur bancaire sous tension
Le secteur bancaire est sous tension depuis que les grandes banques centrales ont augmenté fortement leurs taux afin d’essayer de maîtriser l’inflation. Nombre d’établissements ont omis de se préparer après avoir eu accès, pendant des années, à de l’argent pas cher. La récente faillite de la Silicon Valley Bank aux Etats-Unis et d’autres banques régionales américaines a augmenté l’angoisse des investisseurs et les a poussés à vendre les titres des banques considérées comme les maillons faibles.
C’est le cas de Credit Suisse qui, depuis 2 ans, va de scandales retentissants en revers. Et malgré les efforts de sa direction pour vanter un plan de restructuration sur trois ans, rien n’y a fait. Les investisseurs ont voté avec leurs pieds et l’établissement zurichois a eu du mal à accéder à des liquidités à des prix raisonnables. Une bouée de sauvetage de 50 milliards de francs lancée mercredi par la banque centrale suisse, après une journée noire en Bourse, n’a donné qu’un bref répit à la banque.