CommentaireBientôt trois procureurs pour boucher les fuites
Alain Berset ne lâche rien au sujet des enquêtes sur les fuites lors de la pandémie. Il faut laisser faire la justice, dit-il, mais celle-ci traverse une mauvaise passe.
- par
- Eric Felley
Laisser faire la justice, voilà en substance ce qu’a répondu mardi Alain Berset aux journalistes, qui le pressaient de se déterminer sur les fuites au sein de son département lors de la pandémie. On veut bien se contenter de cette réponse, mais cette justice traverse une bien mauvaise passe. Le fait que le dossier d’instruction du procureur extraordinaire Peter Marti ait totalement fuité dans la presse samedi dernier est déconcertant. Celui qui enquêtait sur les fuites a été victime d’une méga fuite! C’est l’arroseur arrosé ou une nouvelle version du mythe de Sisyphe
Rusés et machiavéliques
L’enquête du procureur zurichois est dorénavant bien compromise, pour ne pas dire sabotée. D’autant plus qu’il fait l’objet lui-même d’une autre enquête extraordinaire pour abus d’autorité. Et voilà que mardi, le Ministère public de la Confédération demande la nomination d’un troisième procureur extraordinaire pour enquêter sur la méga fuite du dossier d’instruction. Laisser faire la justice, dit-on, c’est prendre le risque (ou la chance) qu’elle s’enlise pour de bon à courir après des fuiteurs aussi rusés que machiavéliques.
Démission immédiate
À qui profite le crime? Au détriment de l’enquête de Peter Marti, le ou les auteurs des fuites ont obtenu ce qu’ils voulaient: mettre dans l’embarras Alain Berset, une nouvelle fois sur sa gestion du Covid-19. Les milieux alémaniques opposés à la politique Covid-19, exigent à nouveau la démission immédiate d’Alain Berset et l’ouverture de plusieurs enquêtes. Mais ils n’obtiendront probablement rien, pour la simple et bonne raison que c’est le Conseil fédéral in corpore qui a pris les décisions lors de la pandémie.
Spéculations constantes
Durant cette période, des informations vraies ou fausses ont circulé dans la fébrilité générale à Berne. Les attentes en matière d’informations étaient très fortes et les spéculations constantes. Certains médias obtenaient effectivement des indiscrétions un ou deux jours avant les annonces du Conseil fédéral. En annonçant leurs décisions, Alain Berset et ses collègues se rendaient bien compte qu’elles n’étaient plus toutes fraîches… Tout comme la population. Mais cela n’a choqué personne.