SantéBerne mise sur les réseaux de soins coordonnés pour freiner les coûts
Le gouvernement veut aussi un accès plus rapide aux médicaments moyennant une incartade à la transparence des prix. Les factures seront, elles, transmises électroniquement.
- par
- Christine Talos
Alors que le Conseil fédéral doit annoncer à la fin du mois une hausse des primes de l’assurance maladie qui devrait être salée, il a adopté mercredi le 2e volet de mesures visant à maîtriser les coûts de la santé dans l’assurance obligatoire des soins. But: limiter les primes tout en améliorant les soins médicaux. Le Parlement devra se prononcer.
«Les coûts de la santé augmentent plus vite que les salaires et le PIB», a reconnu Alain Berset. Une hausse due au vieillissement de la population et aux progrès de la médecine, mais aussi à des actes médicaux pas toujours nécessaires et à un système qui manque encore d’efficience, selon le ministre de la Santé. Or, les primes ne sont que le reflet de ces coûts, a-t-il souligné.
Réseaux de soins encouragés
Concrètement, le 2e volet prévu par Berne prévoit deux axes principaux. Le premier est l’encouragement des réseaux de soins coordonnés. «Cela va plus loin que les cabinets de groupe qui partagent des locaux et équipements», a prévenu Alain Berset. Le Fribourgeois souhaite un système qui réunisse les professionnels de la santé provenant de plusieurs disciplines pour fournir une prise en charge médicale «tout-en-un». Ils doivent améliorer la coordination tout au long de la chaîne de traitement, par exemple lorsque divers spécialistes s’occupent d’une personne âgée atteinte de plusieurs maladies chroniques. «On peut penser aux soins à domicile, aux médecins traitants qui ont des liens avec des hôpitaux, etc.», a indiqué le ministre.
«Le but est de réduire les prestations inutiles, les examens à double, à garantir une bonne coordination et la transmission des informations. Au final, il y aura un meilleur suivi pour les patients, en particulier ceux qui sont atteints de plusieurs maladies chroniques», a-t-il estimé. Autre avantage: un réseau ne présente qu’une seule facture à l’assureur, pour l’ensemble de ses prestations.
Ancrer dans la loi les modèles de prix
Par ailleurs, le Conseil fédéral veut garantir un accès rapide et aussi avantageux que possible aux médicaments innovants parfois très chers. Il souhaite du coup ancrer dans la loi une pratique déjà connue: les conventions avec les entreprises pharmaceutiques, ce qu’on appelle les «modèles de prix». Dans ces modèles, les entreprises remboursent une partie du prix ou des coûts aux assureurs.
«Dans toute l’Europe, il existe un système où les prix publiés des médicaments ne correspondent pas aux prix remboursés, où les prix sont confidentiels», a expliqué Alain Berset. Or, la Suisse a jusqu’ici refusé ce système pour des raisons de transparence. Conséquence: des difficultés avec les grandes pharmas pour les tarifs et l’approvisionnement. «Nous sommes donc contraints de suivre ce système, dans l’intérêt de ceux qui paient des primes».