Paris réquisitionne des grévistes pour débloquer des stocks de carburant

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FranceParis réquisitionne des grévistes pour débloquer des stocks de carburant

Le gouvernement français a mis sa menace à exécution: face à des grévistes déterminés, il a lancé mercredi une première réquisition pour débloquer un dépôt de carburant.

Des grévistes devant le site ExxonMobil de Port-Jérôme, près du Havre, tôt mercredi matin.

Des grévistes devant le site ExxonMobil de Port-Jérôme, près du Havre, tôt mercredi matin. 

AFP

Le gouvernement français a mis sa menace à exécution: face aux grévistes de groupes pétroliers déterminés à poursuivre leur grève pour les salaires, il a lancé une première réquisition pour débloquer un dépôt de carburant d’Esso-ExxonMobil, dans le nord-ouest du pays.

Quatre salariés réquisitionnés 

«Face à la reconduction de la grève d’une partie du personnel à Port-Jérôme, en Normandie, le gouvernement lance la réquisition des personnels indispensables au fonctionnement du dépôt. La réquisition débutera ce jour», a indiqué à l’AFP le Ministère de la transition énergétique. Quatre salariés d’ExxonMobil ont été réquisitionnés pour permettre le fonctionnement du dépôt normand de carburant de Port-Jérôme (Nord-Ouest), deux pour mercredi et deux pour jeudi matin, a souligné le Ministère.

«L’arrêté préfectoral a été signé par le préfet de la région Normandie» et «envoyé au directeur du site d’ExxonMobil de Port-Jérôme qui les a notifiés», a précisé le Ministère, conformément à l’annonce de la Première ministre la veille. Les quelques grévistes indispensables au déblocage du carburant des cuves vont ainsi se voir contraints de venir travailler, sous peine de sanctions pénales. Malgré cette menace brandie la veille par la Première ministre Elisabeth Borne, les grévistes ont décidé tôt mercredi de poursuivre leur mouvement, prolongeant les pénuries de carburant qui affectent la France entière. Outre des dépôts de carburant, six des sept raffineries françaises étaient en grève mercredi: les quatre de TotalEnergies et les deux d’Esso-ExxonMobil.

«Il faudra au moins deux semaines»

Chez TotalEnergies, la grève dure depuis deux semaines et prend de l’ampleur. Dans l’ensemble des sites en mouvement, la grève a été reconduite mercredi avec «quasiment 100% de grévistes parmi les opérateurs», a indiqué à l’AFP Eric Sellini, coordinateur CGT pour le groupe. Au cœur des revendications: des hausses salariales, alors que l’inflation fait rage et que les groupes pétroliers réalisent des superprofits avec la flambée de la hausse des cours liée à la guerre en Ukraine. Le syndicat CGT de TotalEnergies réclame ainsi 10% d’augmentation sur les salaires pour 2022, contre les 3,5% obtenus en début d’année.

Avec la poursuite du mouvement, les grévistes prennent le risque d’un épilogue brutal avec réquisition de certains d’entre eux pour faire redémarrer les usines, comme le précédent mémorable de 2010 sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Pour les dépôts, le redémarrage serait immédiat car assez simple, puisqu’il suffira d’ouvrir les vannes pour les camions. Mais «s’il y a réquisition pour redémarrer la production à la raffinerie, il faudra au moins deux semaines», explique Gil Vilard, de la CGT Esso.

«Galère»

Faute d’approvisionnement, un tiers des stations-services françaises manquaient d’un ou plusieurs carburants, et même près de 45% dans le nord du pays. Elizabeth Borne a également évoqué la possibilité de réquisitions chez TotalEnergies. Le géant français a annoncé mercredi qu’il allait recevoir les syndicats représentatifs du groupe pétrolier, y compris la CGT, alors qu’il exigeait auparavant la levée des blocages pour recevoir ce syndicat.

Techniquement, il ne s’agira pas d’une réunion de «négociations» sur les salaires mais de concertation et d’échange, a précisé la CGT. En cas de réquisition, «on ira devant les tribunaux pour les faire annuler», a averti Eric Sellini, tandis que la CGT d’Esso-ExxonMobil a dénoncé «une remise en cause du droit de grève». Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a répété de son côté que les Français verraient une «amélioration très sensible dans les prochains jours» des réserves de carburants dans les stations-services, grâce aux réquisitions de grévistes. «Ensuite, pour qu’un retour à la normale complet puisse arriver, ça va prendre plusieurs jours», a-t-il ajouté.

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(AFP)

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