Église portugaiseDix enquêtes ouvertes pour abus sexuels
La commission indépendante chargée d’enquêter sur les agressions sexuelles dans l’Église portugaise a recueilli 352 témoignages de victimes présumées.

Le psychiatre portugais Pedro Strecht et le président de la Conférence des évêques du Portugal, Jose Ornelas (à dr.), annoncent la composition de la commission d’enquête, à Lisbonne, le 2 décembre 2021.
REUTERSLa justice portugaise a ouvert dix enquêtes portant sur des soupçons d’agressions sexuelles dans l’Église, à la suite de témoignages de victimes présumées recueillis par une commission indépendante, a-t-on appris auprès du ministère public. Les 17 témoignages remis au ministère public par cette commission ont conduit à «l’ouverture de dix enquêtes» dont «trois ont été classées», soit parce que les faits sont «prescrits» soit par «manque d’éléments de preuves», a expliqué jeudi soir, un porte-parole du ministère public sans préciser de dates d’ouverture des enquêtes.
Victimes craintives
La commission indépendante, qui a entamé ses travaux en janvier, est chargée d’enquêter sur les agressions sexuelles dans l’Église portugaise. Elle a déjà recueilli 352 témoignages de victimes présumées, selon un dernier bilan début juillet. En réalité «le nombre de victimes est plus élevé», car les témoignages font souvent référence à plusieurs victimes, a précisé jeudi soir le pédopsychiatre Pedro Stretch, qui dirige cette commission. «Beaucoup de victimes souhaitent rester anonymes» ou préfèrent «attendre la demande d’excuses de la part de l’Église», a indiqué M. Strecht à l’issue d’une rencontre avec le président du Parlement Augusto Santos Silva, à qui il a présenté le travail de la commission.
Rapport à la fin de l’année
Dom Manuel Clemente, le plus haut prélat de l’Église portugaise, avait déclaré en avril dernier que l’Église était prête à «reconnaître les erreurs du passé» et à «demander pardon» aux victimes de violences sexuelles. Le patriarcat de Lisbonne a réaffirmé mercredi sa «totale disponibilité» pour coopérer avec les autorités, après les révélations dans les médias d’une nouvelle affaire où l’Église aurait choisi de maintenir en fonction un prêtre soupçonné d’agressions sexuelles.
Les travaux de la commission portugaise, qui doivent se terminer à la fin de l’année, donneront lieu à un rapport qui sera ensuite remis à la conférence épiscopale portugaise. Cette commission, composée de six experts, avait été créée à l’initiative de l’Église portugaise, dans un pays à forte tradition catholique, afin de faire la lumière sur la question des violences sexuelles sur les «mineurs et adultes vulnérables».
Ce groupe s’inspire du travail de la commission indépendante présidée par Jean-Marc Sauvé, qui avait révélé l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Église française.