Présidentielle en ÉquateurDescente dans une prison après l’assassinat d’un candidat
Trois jours après la mort de Fernando Villavicencio, le chef du plus puissant gang d’Équateur a été transféré dans une nouvelle prison de haute sécurité.
Quelque 4000 soldats et policiers ont participé samedi au transfert dans une nouvelle prison de haute sécurité du chef du plus puissant gang d’Équateur accusé d’avoir menacé de mort Fernando Villavicencio, le candidat à la présidentielle assassiné trois jours plus tôt, selon les autorités.
La veuve de Fernando Villavicencio, Veronica Sarauz, a qualifié l’assassinat de son mari de «crime d’État» et accusé les partisans de l’ancien président équatorien de gauche Rafael Correa, réfugié en Belgique, d’en être les responsables directs ou indirects.
«Los Choneros»
Environ 4000 militaires et agents, lourdement armés, ont pénétré samedi à l’aube à bord de véhicules blindés dans le Centre de privation de liberté numéro huit de Guayaquil (sud-ouest) où était détenu depuis 2011 Adolfo «Fito» Macias, chef de la redoutable organisation criminelle «Los Choneros».
Des images diffusées par les forces de sécurité sur les réseaux sociaux montrent un homme corpulent et barbu appréhendé par les agents, les mains sur la tête, puis à terre les mains liées et en sous-vêtements parmi des dizaines d’autres prisonniers.
Le président équatorien Guillermo Lasso a ensuite annoncé sur X (anciennement Twitter) que «Fito» avait été transféré à La Roca, une prison de sécurité maximale de 150 places située dans le même complexe pénitentiaire à Guayaquil. Selon les autorités, «Fito» et ses hommes contrôlaient au moins un bâtiment de la prison où il était détenu auparavant.
Le politicien avait affirmé la semaine dernière que le chef du gang, condamné à 34 ans de prison pour assassinat et trafic de drogue, avait menacé de le tuer. Ancien journaliste et membre du Congrès, Fernando Villavicencio avait enquêté sur le narcotrafic dans son pays.
«Crime d’État»
Le parti centriste Construye a annoncé samedi que la colistière de Fernando Villavicencio, Andrea Gonzalez, sera sa candidate à la présidentielle. Andrea Gonzalez, une écologiste de 36 ans, était une alliée de longue date de Fernando Villavicencio. Elle s’est consacrée en particulier à la défense des océans et de la mangrove, à la lutte contre la déforestation et le trafic d’animaux sauvages.
Le colistier d’Andrea Gonzalez, candidat à la vice-présidence, sera annoncé ultérieurement et «il sera choisi parmi les plus fidèles de ceux qui ont partagé les combats du camarade Fernando Villavicencio» a précisé le parti. Dans des déclarations à la presse samedi à Quito, la veuve de Fernado Villavicencio, Veronica Sarauz, s’en est pris à l’État équatorien et aux partisans de l’ex-président Correa (2007-2017).
«Crime d’État»
«Il s’agit d’un crime d’État parce qu’il était sous la garde de l’État par l’intermédiaire de la police», a-t-elle dénoncé. «Je veux dire au Correisme que je sais que ce sont eux (…) celui qui vit en Belgique, tous sont responsables, si ce n’est directement, du moins indirectement, de la mort de mon mari».
L’un des principaux faits d’armes de Fernando Villavicencio est d’avoir envoyé sur le banc des accusés Rafael Correa, grâce à l’une de ses enquêtes journalistiques. Fernando Correa, réfugié en Belgique, a été condamné par contumace à huit ans de prison dans cette affaire.
La veille de son assassinat, Fernando Villavicencio avait déposé une plainte auprès du ministère public pour des irrégularités présumées dans la renégociation de contrats pétroliers sous l’administration Correa, avec un préjudice pour le pays d’environ 9 milliards de dollars. Veronica Sarauz, qui est apparue escortée par la police et portant un gilet pare-balles et un casque, a affirmé que sa vie et celle de ses trois enfants «sont également en danger».