VaudAgressé en pleine rue à Vevey par deux inconnus cagoulés
Un enseignant vaudois s’est fait frapper devant chez lui alors qu’il rentrait du travail. Ses assaillants courent toujours.
- par
- Evelyne Emeri
«Je rentrais à la maison après ma journée de travail. En arrivant dans ma rue à Vevey, j’aperçois sur ma gauche deux jeunes tapis dans l’ombre, assis sur un escalier, avec des capuches et des cagoules sombres. Seuls leurs yeux étaient visibles. Ça m’a fait tilt sans être plus inquiet que ça. En tapant le code de la porte d’entrée de l’immeuble, je leur tournais le dos. Je les vois de nouveau, ils se lèvent rapidement avant que la porte ne se referme et passent le seuil. Ils montent les escaliers et me devancent.» Armand*, la petite cinquantaine, ne sait pas encore que dans quelques secondes, il sera à terre, anesthésié, après une première frappe.
«C’est pourquoi les masques?»
Nous sommes le mardi 7 février. Il est environ 18h55. «Je les interpelle sur un ton pacifique: «Excusez-moi, c’est pourquoi les masques (ndlr. cagoule)?» L’un d’eux me répond: «C’est la mode de London». Ils parlent comme des jeunes de chez nous avec une touche de banlieue, mais sans accent particulier. Toujours très poliment, je leur dis encore: «Qu’est-ce-que vous faites là?» Ils ont un moment d’hésitation et répliquent: «On attend un de nos collègues». Je leur demande alors comment il s’appelle et que peut-être je le connais. Pas de réponse. Je poursuis: «Je ne peux pas vous laisser entrer comme ça. Allons discuter dans la rue». Les deux jeunes obtempèrent et le trio ressort dans la rue.
«J’allais leur souhaiter une bonne soirée après les avoir requestionné sur le nom dudit collègue. Je n’ai pas eu le temps, détaille Armand, enseignant de profession. J’ai reçu un coup de poing dans la figure qui m’a tordu la tête, une véritable torsion de la nuque. Un knock-out paralysant. Je suis tombé sur le trottoir, sur le dos. J’étais paralysé et parfaitement conscient. Et là, les deux se sont mis à me donner des coups de pied dans les jambes. Ils ne s’arrêtaient pas. Aussi dans la tête. J’ai senti une douleur vive, à la mâchoire, à un œil. J’étais incapable de réagir. Ça a duré 15 à 20 secondes, je pense. J’entendais quelques personnes dans la rue. Un couple que je connais a crié. Et eux continuaient à me frapper. Mes amis se sont rapprochés. À ce moment-là, mes agresseurs ont pris la fuite vers la place du Marché.»
Trois fractures au visage
«Il m’a fallu encore 5 à 10 secondes pour bouger et essayer de me lever. Je sentais de la poussière dans la bouche, mes incisives étaient effritées. Et je voyais double. Mes deux voisins et des passants se sont regroupés autour de moi. Ils m’ont apporté une chaise. La police a été alertée et a pris ma déposition. Une infirmière qui passait par là m’a ausculté, du sang coulait de mon nez. J’ai fini aux urgences de l’hôpital de Rennaz», raconte encore le quinquagénaire. Les médecins hésitent d’abord à lui faire passer un scanner avant de se décider. Le diagnostic est sans appel: une fracture nette à la mâchoire inférieure gauche (ndlr. mandibule), une fracture du plancher orbital droit et, du même côté, une autre fracture entre l’œil et le nez. Ce vendredi 24 février, le Veveysan saura s’il doit se faire opérer de la mâchoire.
Plainte déposée
Les fractures, c’est une chose, la violence de l’agression, une autre. Et puis il y a cette grosse fatigue. «Des coups de fatigue en pleine journée dus à une commotion cérébrale. Je ne sais pas si ce sont des séquelles qui passeront ou pas», détaille Armand. Il s’est bien sûr posé la question de savoir s’il était personnellement visé. Des témoins ont pu le rassurer, ce qui lui a permis de retrouver le sommeil. Les deux individus, toujours en fuite, avaient déjà tenté de pénétrer dans d’autres immeubles non loin de chez lui, peu avant son agression. «Si ça m’était arrivé à Lausanne, je me serais éloigné. À Vevey, je me suis senti à… Vevey», conclut notre interlocuteur. Autrement dit, en sécurité. Le Vaudois, qui a eu beaucoup de chance, a déposé une plainte pénale contre inconnu.
*Prénom d’emprunt