Hockey sur glaceVaucher: «Ce ne serait pas bien si Ajoie venait à descendre. Mais à la fin, c’est le sport qui décide»
Présent jeudi soir à Porrentruy pour assister à l’acte I du barrage de promotion/relégation entre Ajoie et La Chaux-de-Fonds (2-3), le CEO de la National League ne verrait pas d’un bon œil une inversion des rôles.
- par
- Chris Geiger Porrentruy
Denis Vaucher, pour quelle raison êtes-vous favorable à ce barrage de promotion/relégation?
C’est notre système et c’est notre tradition. Il avait disparu durant la période liée au Covid car on ne voulait pas qu’une équipe de National League soit reléguée. C’est pourquoi il y a désormais 14 équipes dans l’élite. Mais ça a toujours été clair que, dès qu’on allait retrouver une situation normale, on allait revenir à ce barrage. C’est clair que pour le club de National League qui doit disputer cette série, la tension et la pression sont énormes. Mais pour le champion de Swiss League, c’est aussi la possibilité de rêver.
Vous évoquez la pression qui pèse sur la formation de l’élite. D’après les rumeurs, le HC Ajoie, qui se trouve en plein développement, pourrait se retrouver en grand danger financier en cas de relégation…
Je ne pense pas qu’Ajoie aura des problèmes financiers si le club venait à être relégué. Le club jurassien possède un comité sérieux, qui calcule très bien. Lorsqu’on voit les nombreux fans présents ici à Porrentruy, je suis persuadé qu’il y aurait toujours 3000 à 4000 spectateurs en Swiss League. Il faut aussi préciser que les contrats, ceux des joueurs notamment, ne seraient plus valables à l’échelon inférieur. C’est pourquoi je ne pense pas qu’Ajoie aurait des problèmes financiers en cas de relégation. Mais c’est clair que, pour le développement de ce club, qui a construit voilà deux ans cette belle infrastructure, ce ne serait pas le meilleur point pour Ajoie. Ce ne serait pas bien si le club venait à descendre. Mais, à la fin, ça fait partie du jeu et c’est le sport qui décide.
Paradoxalement, une promotion du HC La Chaux-de-Fonds en National League ne constituerait pas forcément une bonne nouvelle pour le club neuchâtelois non plus. Cela vous inquiète-t-il?
La Chaux-de-Fonds a fait une excellente saison. Sa victoire 4-0 en finale contre Olten dit tout d’un point de vue sportif. Louis Matte a fait un excellent job en tant qu’entraîneur, tout comme Loïc Burkhalter dans ses fonctions de directeur sportif. Mais c’est clair que l’infrastructure nous fait un peu souci. La patinoire des Mélèzes est vieille. La possibilité de monter intervient peut-être une ou deux années trop tôt pour La Chaux-de-Fonds. Mais si le club a cette chance, il doit la saisir. La National League va accompagner le HCC au niveau économique et infrastructurel, notamment, en cas de promotion.
Pour le développement des clubs, ne serait-ce pas favorable de fermer la National League?
Diminuer voire éliminer totalement les risques de relégation serait une bonne chose pour les club du bas de classement. Mais rappelez-vous où était Ajoie la saison dernière. Le club accusait 20 ou 30 points de retard sur l’avant-dernier du classement. S’il n’y avait pas de relégation ni de promotion, les fans ne viendraient plus à la patinoire en fin de saison car les matches ne vaudraient plus rien. Personnellement, je trouve que ce barrage fait partie de notre tradition et qu’il est important d’avoir une relégation ainsi qu’une promotion. Il est essentiel aussi de donner un but et de l’espoir aux clubs de Swiss League.
Vous ne voulez pas d’une ligue fermée. Quid d’une augmentation du nombre de clubs en National League?
Non, ce n’est pas réalisable. Au contraire, on a normalement le potentiel pour 12 équipes. Durant la pandémie, on a toutefois fait le choix d’augmenter à 14 le nombre de formations présentes en National League. Au niveau politique et décisionnel, la National League ne veut pas diminuer le nombre de clubs afin d’éviter des relégations directes. On va donc rester à 14. Une augmentation ne se discute même pas.
Concernant la formule du barrage, plusieurs points du règlement sont passablement critiqués. À commencer par le nombre d’étrangers autorisés (4), l’avantage de la glace donné au pensionnaire de l’élite, mais aussi l’impossibilité pour le champion de Swiss League de se renforcer au dernier moment et d’éviter des dépenses inutiles. Comprenez-vous ces reproches?
On peut toujours critiquer, mais ça fait partie du jeu. Pour le nombre d’étrangers autorisés, c’est un compromis très suisse puisqu’il y en a 6 en National League et 2 en Swiss League. Le milieu, c’est donc 4. Pour Ajoie, c’est difficile de diminuer de 6 à 4. Pour l’avantage de la glace, je dirais que c’est normal comme c’est le club de Swiss League qui veut être promu. Ça fait donc partie de cette logique qu’il est plus dur de monter que de descendre. Le fait que La Chaux-de-Fonds a dû se calquer aux fenêtres des transferts nationaux (31 janvier) et internationaux (15 février)? C’est comme ça. Si un club veut fêter une promotion, il doit investir. Ça veut dire qu’il doit investir dans tous les secteurs et évidemment dans l’équipe. Le pas à effectuer entre la Swiss League et la National League est grand au niveau sportif, mais aussi économique. Le budget doit presque être doublé.
Du coup, ne serait-ce pas bel et bien dangereux pour un club de National League de «tomber» et pour une organisation de Swiss League de «monter» sans présenter toutes les garanties?
C’est comme ça, on ne peut pas changer ça. Je pense que la Swiss League a un potentiel aux niveaux des droits TV et du sponsoring central. Le développement de la National League au cours des 5 à 10 dernières années a été énorme. On a pu signer un très gros contrat pour les droits TV, ce qui a offert des revenus élevés aux clubs de National League. Si le fossé entre les deux ligues s’est encore creusé? Il a toujours existé. Mais c’est clair que ce n’est pas facile pour un club de Swiss League de monter. Chaque 4 ou 5 ans, l’histoire nous a toutefois montré qu’un club a eu la possibilité d’accéder à l’élite. L’exemple du développement de Rapperswil est énorme. Le très grand pas en avant d’Ajoie est aussi à souligner.