Tennis: Comment Wawrinka a renversé Opelka

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TennisComment Wawrinka a renversé Opelka

En éliminant la tête de série No 14 à Rome, Reilly Opelka (ATP 17), le Vaudois s’est prouvé qu’il savait encore s’adapter et se battre pour l’emporter. Décryptage.

Jérémy Santallo
par
Jérémy Santallo
Stan Wawrinka lors de sa rencontre du 1er tour, lundi, contre Reilly Opelka.

Stan Wawrinka lors de sa rencontre du 1er tour, lundi, contre Reilly Opelka.

REUTERS

Le ramasseur de balles lui en a lancé une, mais Stan Wawrinka n’a pas voulu saisir l’offrande. Au lieu de ça, il l’a expédiée d’un coup de poignet rageur dans la bâche du Central du Foro Italico, sous les yeux de ses parents. On jouait alors le septième jeu de la deuxième manche (3-6 2-4 pour Reilly Opelka), lorsque le Vaudois a ressenti ce besoin soudain d’extérioriser sa frustration, après un dernier coup droit qui venait de frapper la bande du filet pour venir mourir dans le couloir. Et il semblerait bien que cette pulsion l’ait aidé à se relancer.

Faisant face à une balle de double break qui, s’il avait eu lieu, aurait définitivement sonné le glas de ses espoirs de victoire, «Stan the Man» a armé un service gagnant autoritaire sur l’extérieur à 208 km/h. Dans la foulée, il a appuyé sa frappe dans la diagonale de coup droit et finalement tenu sa mise en jeu. Sur le jeu suivant, le triple vainqueur en Grand Chelem n’a rien pu faire sur les trois premières balles de break qu’il s’est procurées, mais à la quatrième, après s’être arraché côté revers, il a enfin été récompensé de sa bravoure.

Revenu à 4-4, Wawrinka a fait preuve d’une extrême pugnacité à 5-5, sauvant 5 nouvelles balles de break lors d’un jeu long de plus de 10 minutes, qu’il a défendu corps et âme. Cela faisait déjà quelques instants que le Vaudois commençait à mieux lire les services surpuissants du géant américain, alors il a enchaîné les retours bloqués et porté l’estocade à 6-5, sur une attaque en coup droit croisé avant de crier: «Allez, allez!» Il y avait un set partout et cette fois, pas comme à Monte-Carlo face à Alexander Bublik, «Stanimal» avait la caisse physique.

C’est au contraire son adversaire qui s’est effondré. Complètement déréglé en coup droit, accumulant les fautes en longueur, Opelka a caviardé une volée de revers dans le filet et offert une balle de break à Wawrinka à 3-2 dans le 3e set. Sur le point qui a suivi, la prise de risques si souvent récompensée pendant plus d’un set du demi-finaliste du Masters 1000 italien l’année dernière s’est transformée en double faute sur sa deuxième balle de service. Quelques minutes plus tard, Wawrinka pouvait à nouveau hurler «Allez» après sa balle de match victorieuse.

On a alors aperçu un léger sourire, contenu. Mais un sourire quand même. Lundi, sans doute que l’enfant de St-Barthélemy avait planifié avec son coach Daniel Vallverdu de défier Opelka dans la diagonale de revers. Tout ne s’est pas déroulé selon le plan initial, alors Wawrinka s’est adapté à ses sensations du jour. Persécuté par les frappes lourdes de son vis-à-vis parce que les siennes n’étaient pas assez profondes, le Vaudois a varié les plaisirs au début de la 2e manche, lorsqu’il a vu qu’il tenait mieux la cadence dans la diagonale de coup droit.

Parce qu’il a su se montrer patient – il n’a tenté et réussi qu’un seul revers gagnant le long de la ligne quand le match était plié –, le Suisse a remporté une victoire capitale pour sa confiance, 456 jours après la dernière (Open d’Australie 2021). Qui plus est contre un joueur talentueux et atypique comme Reilly Opelka. Depuis lundi, Wawrinka, 37 ans, sait qu’il peut toujours se battre pour trouver le moyen de gagner un match, même lorsque les choses tournent mal lors de celui-ci. Et ça, cela veut sans doute dire beaucoup pour lui.

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