TennisCasper Ruud réalise le doublé au bout d’une finale marathon
Malgré le courage d’un admirable João Sousa, le Norvégien a conservé son titre au Gonet Geneva Open, au bout d’une finale longue de trois heures (7-6, 4-6, 7-6).
- par
- Mathieu Aeschmann
Mats Wilander et Stan Wawrinka ne sont plus les seuls doubles vainqueurs du Gonet Geneva Open. Casper Ruud a défendu victorieusement son titre, samedi après-midi, dans la marmite du parc des Eaux-Vives. Il aura fallu trois sets et trois heures d’une empoignade intense au Norvégien (ATP 8) pour venir à bout d’un João Sousa (ATP 79) exceptionnel d’abnégation (7-6, 4-6, 7-6).
À quoi a tenu cette finale entre marathoniens? À quelques points, trois fois rien. Des points que Casper Ruud est allé chercher avec cette énorme gifle de coup droit, comme lors des deux minibreaks à l’entame du tie-break décisif. João Sousa, lui, ne possède pas un tel atout. Il doit donc toujours faire le bon choix, toujours s’imposer une frappe de plus. Une exigence qui lui échappa à un seul instant, lorsqu’il servit pour le match à 5-4 au troisième set. Son bras se mit alors à trembler imperceptiblement (un horrible coup droit retenu à 15-0). Ce n’était pas grand-chose. Mais le match venait de changer de sens pour la dernière fois.
«C’est dur de perdre une finale comme ça, en jouant si bien, soupirait le Portugais. À 5-4, 15-0, je n’ai pas fait d’erreur mais j’aurais dû plus créer. Tu ne peux pas laisser la main à Casper, il est trop fort. Après, j’ai adoré ma semaine et l’énergie que j’ai reçue du public. En plus ma famille m’a fait la surprise de venir aujourd’hui. Je suis désolé de ne pas avoir gagné pour elle, pour eux.»
Attitude exemplaire
Même s’il va nourrir des regrets, João Sousa mérite ici des louanges. Si le public du Gonet Geneva Open a vécu une grande finale, il le doit avant tout à sa performance. Il fallait en effet beaucoup de courage et des jambes supersoniques pour résister à l’assurance de Casper Ruud, finaliste à Madrid, demi-finaliste à Rome, lorsque ce dernier s’envola dans la première manche (5-3).
Mais João Sousa n’est pas du genre à baisser les bras, même lorsqu’un énergumène de la bonne société le provoqua depuis sa loge (il se fera sortir sous les sifflets). Il court, défend, gratte des centimètres de terrain frappe après frappe et avance dès qu’une occasion se présente. Une attitude exemplaire qui ne le consolera pas mais qui a conquis le cœur du public genevois.
Casper Ruud, lui, navigue dans une autre dimension. Il montera dans le TGV vers Paris dimanche soir avec le statut d’outsider de Roland-Garros. Placé dans la bonne moitié du tableau – celle privée des monstres Nadal, Djokovic et Alcaraz –, le Norvégien a compilé durant le dernier mois assez de victoires sur terre battue pour se projeter vers la deuxième semaine. À condition bien sûr de s’extraire du «piège émotionnel» que lui a tendu le tirage au sort: un premier tour sur le Chatrier face à un Jo-Wilfried Tsonga qui y fera ses adieux.
«Jouer Tsonga pour son dernier Roland-Garros, c’est très spécial, reconnaissait le champion. Je vais avoir 10 000 ou 15 000 Français contre moi, mais je me sens prêt pour cette expérience. Et même si c’est dur pour lui, j’espère que Jo-Wilfried jouera bien le dernier match de sa carrière contre moi.»
Dans cette optique, Casper Ruud s’est félicité d’avoir «enfin disputé un match physique avec des échanges après Paire, Kokkinakis et Opelka.» Et quid de ce tableau parisien totalement déséquilibré? Est-ce une opportunité en or? «Parfois le tirage donne des trucs un peu fous. C’est vrai que sur les quatre favoris de Roland – Nadal, Djokovic, Alcaraz et Tsitsipás – trois sont dans la partie du haut. J’ai vu que j’étais en bas mais je ne projette pas si loin.» Pas encore.