Hockey sur glaceSix étrangers de top niveau: Genève-Servette a fait très, très fort
Sur le papier, la fraction étrangère de Genève-Servette est impressionnante. Sera-t-elle aussi la meilleure du pays sur la glace? Avec six étrangers par équipe, la saison 2022-23 promet un niveau de jeu inégalé dans le championnat de Suisse.
- par
- Cyrill Pasche
Tömmernes, Vatanen, Winnik, Filppula, Omark et Hartikainen. Qui dit mieux? La fraction étrangère de Genève-Servette est-elle la plus impressionnante – sur le papier, pour l’instant – parmi tous les effectifs de National League? Il est certain que les légions étrangères de Zoug, Zurich, Lugano ou Rapperswil, à première vue, sont aussi extrêmement attractives.
Avec l’arrivée de Teemu Hartikainen – le club genevois a confirmé son engagement pour une année mercredi –, le GSHC a mis la main sur une pointure du hockey international. Neuf saisons de feu en KHL sous le maillot du Salavat Yulaev Ufa (419 points en 561 matches), un titre olympique en février et un sacre mondial en juin. Hartikainen était un des piliers de la sélection finlandaise qui a tout raflé en 2022.
Hartikainen: de la présence dans le slot
Laurent Meunier, l’ex attaquant des Aigles et capitaine de l’équipe de France, était consultant pour France Televisions lors des Jeux olympiques à Pékin en début d’année. «Hartikainen était l’ailier de la ligne dominante des Finlandais et jouait aux côtés de Sakari Manninen et de Markus Granlund, se souvient l’ancien pro. Il apportait cette dimension physique. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est sa puissance dans les coins de la patinoire et sa façon de ressortir proprement les pucks. Pour ses coéquipiers, c’était du pain béni. Hartikainen n’est pas un playmaker ni un joueur très flashy. Mais il a un profil de buteur. Il sait s’imposer devant la cage. Pour Genève, c’est un super transfert.»
Les étrangers par club de NL
Le sextette d’étrangers du GSHC a de l’allure, c’est certain. Est-il le meilleur du pays? Stéphane Rochette, expert sur MySports, reconnait que le «6» du GSHC fait partie de ce qui se fait de mieux en Suisse, mais le Québécois émet tout de même quelques réserves.
«On connaît la valeur des cinq premiers étrangers. Tous ont fait leurs preuves en Suisse. Le sixième, Hartikainen, est annoncé comme une top star. Mais il ne faut pas sous-estimer le fait que les nouveaux étrangers ont parfois besoin de temps, de quelques mois, pour prendre leurs marques. D’autre part, je pense que les équipes qui ont réussi à engager un gardien étranger dominant, un gars capable de voler quelques matches et de sortir des stats supérieures à la moyenne auront de solides arguments à faire valoir. À mes yeux, un gardien dominant a plus de valeur qu’un gars qui te fait 50 points.»
Pour Laurent Meunier, la fraction étrangère du GSHC, fera partie des meilleures en National League. «D’autres clubs se sont aussi considérablement renforcés au niveau des étrangers, c’est certain. Il y aura du lourd un peu partout. Comme c’est le cas à Genève, ce ne sont plus des étrangers de complément pour un troisième ou quatrième trio, comme on pouvait tout d’abord s’y attendre. Mais le line-up de Genève est clairement impressionnant: Tömmernes, dont on peut dire sans trop se tromper qu’il est le meilleur arrière de la ligue, Vatanen qui fait partie du Top 5 à sa position, Winnik qui est capable de tout faire. Ajoutez encore Filppula, qui doit avoir un sacré leadership, le génie d’un artiste comme Omark et la puissance d’Hartikainen! Oui, ce «6» est impressionnant!»
Du boulot pour les coaches
Tant Meunier que Rochette mettent toutefois en garde face à ce surplus de qualité. «Avec un tel line-up, parce qu’il ne faut pas oublier que Genève compte encore pas mal de Suisses de qualité (Richard, Praplan, Rod, etc), les coaches devront être bien malins pour satisfaire tout le monde», prévient Meunier. Pour Rochette, il s’agira de gérer les égos. «Il n’y aura pas la place pour tout le monde sur le premier powerplay! Les coaches devront bien gérer tout cela.»
Un avis que partage aussi Marc Gautschi, le directeur sportif de Genève-Servette, conscient du «problème de luxe» qui ne manquera pas de se poser. «Cette saison, et pas seulement à Genève, le niveau de jeu va considérablement augmenter avec la présence des six étrangers. La clé sera dès lors le «people management». À mon avis, ceux qui sauront le mieux gérer les personnalités, les égos et les temps de jeu de chacun gagneront à la fin.»
Une certitude: la saison à venir s’annonce passionnante.