FootballServette reçoit la Roma, mais aussi Martin Petrov et Alain Geiger
L’attaquant bulgare et l’entraîneur du renouveau grenat seront honorés avant le match contre la Roma, ce jeudi soir (21 h).
- par
- Daniel Visentini
Peut-être faut-il y voir un signe, après tout. Voilà un Servette en pleine santé, meilleure équipe de Super League depuis deux mois avec sept succès d’affilée, un Servette qui s’apprête ce jeudi soir à jouer une rencontre de prestige en Europa League contre la Roma de Mourinho, dans un Stade de Genève à guichets fermés, bref un Servette qui voit la vie en rose. Mais un Servette qui n’oublie pas son passé, lointain ou plus récent. Avant le coup d’envoi, Martin Petrov et Alain Geiger seront honorés. Ce n’est peut-être pas anodin.
Martin Petrov, c’est un attaquant bulgare, un gaucher magnifique, qui est arrivé à Genève quand il avait 20 ans, en janvier 1999. Six mois plus tard, il fêtait le titre de champion avec Servette le 2 juin 1999 quand les Grenat écrasaient Lausanne 5-2 à la Pontaise.
Servette était son premier club à l’étranger. Il y restera jusqu’en 2001 et remportera donc la Coupe de Suisse le 10 juin contre Yverdon (3-0). Petrov, qui jouera ensuite pour Wolfsburg, Atlético Madrid, Manchester City, Bolton, Espanyol Barcelone, avant un retour au CSKA Sofia, c’est donc un joueur qui jouait donc lors des deux derniers titres remportés par Servette: le championnat en 1999, la Coupe en 2001.
A l’heure où les Grenat renaissent aux grandes ambitions, sa venue à Genève, ce jeudi, cultive peut-être autre chose que sa seule amitié avec Lionel Pizzinat, team manager désormais, qui a lui aussi vécu ces mêmes moments magiques avec Servette.
Le travail de mémoire sert à cela. Petrov n’a d’ailleurs pas oublié Servette. On a déjà pu parler avec lui, il raconte pourquoi il est là, tout en brassant ses souvenirs grenat.
«J’ai toujours suivi les résultats de Servette, explique-t-il. Servette, c’était mon premier club en sortant de Bulgarie, alors les émotions sont intactes. Cela m’a fait mal de voir les déboires que le club a vécus, dans les années 2000. Mais c’est beau de constater que l’équipe est de retour au sommet aujourd’hui. J’avais déjà en tête depuis longtemps de repasser à Genève. Déjà, pour découvrir le Stade de Genève, qui n’existait pas à mon époque. Et pour retrouver mon ami Lionel, avec qui je suis toujours resté en contact. On se réjouit d’être là avec ma femme pour ce match contre la Roma.»
Le souvenir du titre
Les souvenirs se bousculent. Le titre le 2 juin 1999? «Ouah!, s’exclame-t-il. Comment dire? C’était fou, magique. J’étais arrivé en janvier. Mais j’ai dû attendre ce match-là pour marquer mes deux premiers buts avec Servette.» Il faut croire que c’était le bon moment.
Que fait Petrov aujourd’hui? «Mais je profite de la vie, rigole-t-il. Je vis à Madrid, tout va bien. Peut-être que je reviendrai un jour travailler à Servette avec Lionel, qui sait?»
A la fédération bulgare?
À moins qu’il ne soit pas appelé à d’autres fonctions rapidement, à la fédération bulgare de football. Le football bulgare va mal, la qualification à l’Euro 2024 a été une débâcle (dernière place du groupe G) et le président Borislav Mihaylov a été poussé à la démission, sur fond de manifestations contre lui et un système gangrené par différentes affaires de trucage ou de corruption.
Son successeur? Et si c’était Dimitar Berbatov? Cela fait un moment déjà qu’il réclamait le départ de Mihaylov. Il est soutenu par Martin Petrov et par Stilian Petrov, son homonyme. Tous les trois sont bien sûr des ex-internationaux de premier plan de l’équipe nationale bulgare.
«Cela fait des années déjà que nous sommes en guerre, avec Berbatov, contre ce qui est en place, explique Petrov. Nous nous battons pour que Dimitar puisse être nommé, Stilian et moi serons derrière lui pour le soutenir dans ce travail, le cas échéant.»
En attendant, Martin Petrov est à Genève et il faudra lui faire une ovation avant le coup d’envoi. Il représente un Servette qui gagnait des titres et cela fait peut-être écho aux Grenat d’aujourd’hui, qui ont à nouveau le droit d’avoir de grandes ambitions.
Ovationner Alain Geiger
L’ovation, il faudra aussi la faire enfler pour Alain Geiger. Il sera là lui aussi, avec Petrov. Geiger, on ne le présente plus. On rappelle qu’en tant que joueur, il a lui aussi été champion avec Servette en 1985, qu’il avait gagné la Coupe l’année précédente en 1984. Mais c’est le Geiger entraîneur qui est encore dans toutes les têtes servettiennes.
Avec lui, c’est une promotion, et des qualifications sur la scène européenne. Si les Grenat sont en Europa League aujourd’hui, prêts à défier la Roma, c’est en bonne partie à Alain Geiger qu’ils le doivent et à au fait que le Valaisan a hissé Servette à la deuxième place du classement la saison passée. Son aventure s’est arrêtée après cinq ans sans aucune fausse note, parce que la direction avait envie d'insuffler de nouvelles dynamiques. Mais Alain Geiger est parti par la grande porte, laissant un héritage riche à René Weiler. Il faudra lui faire à lui aussi une superbe ovation, il le mérite infiniment.
Petrov et Geiger comme inspiration, un Stade de Genève plein pour les acclamer et pour ensuite défier la Roma: Servette n’oublie pas d’où il vient pour mieux savoir où il veut aller.