Médias françaisCanal+ et Netflix pourront diffuser plus vite des films après leur sortie
Conclu lundi, sous l’égide du ministère de la Culture, un accord va permettre, en France, de diffuser des films plus rapidement après leur sortie au cinéma. Canal+ et Netflix vont en profiter.
Sujet brûlant depuis des années, la chronologie des médias en France vient d’être rénovée, ce qui permettra notamment à Canal+ et aux plateformes comme Netflix de diffuser des films plus rapidement après leur sortie au cinéma. L’accord a été conclu lundi, sous l’égide du ministère de la Culture, par une vingtaine d’acteurs, dont des chaînes de télévision, des plateformes de diffusion sur internet ou encore des producteurs. Il était très attendu, les règles actuellement en vigueur arrivant à échéance début février.
Principale conséquence pour le grand public: les nouveautés seront disponibles sur Canal+, financeur historique du cinéma français, six mois après leur sortie en salles, contre huit jusqu’à présent. Viendront ensuite les services de vidéo par abonnement, en fonction de leur contribution à la production: Netflix pourra diffuser les films 15 mois après leur sortie, les autres plateformes, qui n’ont pas signé l’accord, au bout de 17 mois. Elles passent devant les chaînes de télévision gratuites, ces dernières diffusant toujours les films 22 mois après la sortie en salles.
Roselyne Bachelot ravie
«Parvenir à un accord relevait de la mission impossible, mais toutes les parties prenantes ont compris qu’il fallait surmonter les querelles de chapelles étant donné les difficultés», s’est réjouie la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, après la signature de l’accord.
La chronologie des médias a pour objectif de protéger les salles, qui ont la première exclusivité des films, mais aussi les chaînes et diffuseurs qui financent le cinéma. Et, au final, de préserver la diversité de la production française, l’un de ses points forts.
Davantage d’argent pour la production
Le nouvel accord a été scellé dans la douleur, après plusieurs années de bras de fer, les chaînes de télévision et Canal+ tentant de préserver leurs acquis, tandis que l’arrivée des plateformes bouleversait la donne. Globalement, l’accord est une bonne nouvelle, car davantage d’argent devrait être injecté dans la production cinématographique française, souligne-t-on du côté de la Fédération nationale du cinéma français.
Canal+, qui avait annoncé, en décembre, faire front commun avec le monde du cinéma, offrant un «investissement garanti de plus de 600 millions d’euros pour les trois prochaines années», garde sa première place. «Cette chronologie des médias modernisée reconnaît la position unique de Canal+ dans le cycle de financement du cinéma», se félicite le groupe, précisant que plus de 400 films sont diffusés en première exclusivité chaque année sur ses chaînes.
Serpent de mer des ministres de la Culture successifs, le dossier de la chronologie des médias pourrait toutefois encore rebondir: si l’accord de lundi est conclu pour trois ans, une clause de revoyure a été fixée dans un an, afin de dresser un premier bilan. «Nous serons très vigilants sur le rapport de force entre ces grandes plateformes et les acteurs français», a prévenu Thomas Valentin, vice-président du groupe M6.