FootballLe Stade de Genève respire enfin à plein poumon
Un «Scottish village» pour les fans écossais, une saveur inhabituelle dans la bouche des Servettiens: l’historique duel européen entre le SFC et les Rangers baigne déjà dans une atmosphère spéciale.
- par
- Florian Vaney Genève
«T’as pas un billet?» La quarantaine, de blanc vêtu, l’homme ne s’embarrasse pas de politesses. Il nous répète sa question. «Je cherche un billet, t’en n’as pas, t’es sûr?» Seconde réponse négative. La scène ne dure pas plus de cinq secondes. Il tourne les talons, s’enfonce sur l’esplanade de la Praille, accoste le prochain passant. Pas de temps à perdre.
La scène se reproduira à l’envi d’ici 20 h 30 et le début du match retour entre Servette et les Rangers. C’est l’une des rançons du succès. Pour la seconde fois depuis son inauguration il y a vingt ans, le Stade de Genève affichera complet pour un match de Servette, mardi soir. Alors, assez logiquement, un second marché se met en place aux abords de l’enceinte. Plus discret, naturellement.
Habitués et opportunistes pour remplir un stade
Parce que la sécurité veille au grain. Plusieurs heures avant le coup d’envoi, cela se remarque facilement à ces hommes en noir qui campent inhabituellement devant les enseignes du centre commercial en face du stade. Rien de crispant pour autant dans l’atmosphère en train de gagner les lieux. Au contraire. C’est soirée de fête à Genève. Soirée historique. Où les habitués grenat rencontrent les plus opportunistes, venus garnir les trois quarts du stade plus difficiles à remplir en temps de championnat.
Trois sexagénaires genevois patientent devant les portes. Le petit groupe symbolise très bien la pluralité de profils parmi les spectateurs du jour, à l’exception peut-être de leur moyenne d’âge. Alain «n’aurait manqué ce match pour rien au monde», mais fait partie de ces visiteurs qui choisissent leurs matches. Ses deux compères sont fiers de faire savoir qu’ils possèdent l’abonnement saisonnier depuis des décennies. Ils croient à une qualification des Servettiens, mais bien plus que ça, «on n’en revient pas. Voir ce stade plein pour un match du Servette, ça va faire drôle. C’est fantastique comme sentiment».
À l’autre extrémité, les Écossais, dont plusieurs milliers sont attendus après leur victoire initiale à l’aller (2-1), ont posé leur camp. Certains ont opté pour le maillot bleu historique des Rangers, d’autres pour l’orange de la tunique extérieure, mais ceux-ci ne seront de toute façon pas jugés sur leur capacité à s’assortir dans la partie des tribunes qui leur est réservée.
Le Village du soir a flairé le bon coup. Le bar/boîte attenant au Stade s’est transformé pour une soirée en «Scottish village». À la carte, des bières, quelques mets, mais surtout de la Guinness, proposée sur à peu près tous les flyers et panneaux indicatifs de la zone. «Personne n’en a encore abusé. Tout se passe très bien jusqu’ici», souriait un préposé à la sécurité à deux petites heures du début du match. Une rencontre comme les Écossais en ont vécu des dizaines dans leur histoire, mais au goût tellement particulier pour Servette et ses suiveurs.