Procès en France : Le streamer «Mr WaynZ» qualifié de «diable» par ses victimes présumées

Publié

Procès en FranceLe streamer «Mr WaynZ» qualifié de «diable» par ses victimes présumées

Le gamer français aux 92’000 fans sur Twitch, jugé pour tentative de meurtre et viols sur conjoint, a été confronté au témoignage d’une ex-compagne vendredi. 

«C’était grave ce que j’ai fait», a reconnu l’accusé devant la Cour vendredi.

«C’était grave ce que j’ai fait», a reconnu l’accusé devant la Cour vendredi. 

DR

Le streamer «Mr WaynZ» repérait ses «proies» sur la Toile puis les piégeait dans une bulle de violences et de dénigrements. Devant les Assises de Paris où le gamer est jugé pour tentative de meurtre et viols sur conjoint, des victimes présumées l’ont accablé vendredi.

«L’enfer» aux côtés du streamer 

«C’est le diable sur terre», lâche Fabienne (prénom d’emprunt), épaules rentrées et bras croisés au terme d’un témoignage entrecoupé de lourds silences et de larmes pour raconter «l’enfer» passé avec le gamer aux 92’000 fans sur Twitch, qui a fait acte de contrition. Elle a été séquestrée plusieurs fois par le streamer français, ce qu’il reconnaît, contrairement à la plupart des viols et faits d’escroquerie pour lesquels il est jugé depuis mardi.

Né en novembre 1988 à Coulommiers, Yannick N. de son vrai nom s’était forgé, loin de son enfance cabossée, une petite notoriété parmi les gamers. Il postait, sous le pseudo «Mr WaynZ», ses parties de jeu vidéo sur une chaîne YouTube suivie par 220’000 abonnés. Incarcéré depuis octobre 2019, il est aussi accusé d’avoir tenté de tuer sa conjointe à Paris le 20 janvier 2019, affaire qui a déclenché l’ouverture d’une enquête au cours de laquelle quatre autres victimes ont été identifiées, dont Fabienne.

«Instinct de survie»

Elle raconte aux jurés la difficulté d’être là, elle qui a déjà dû s’expliquer devant la justice. C’était le 24 janvier 2019, soit quatre jours après la tentative d’homicide de Yannick N. sur une autre femme. Le Tribunal correctionnel de Paris la reconnaît alors coupable de violences habituelles au même titre que lui, et un juge des libertés lui dira même après la garde à vue: «Ah oui», Mr WaynZ, «c’est Fragile Production, je connais sa chaîne, il est marrant! Vous vous êtes juste disputés c’est ça?» Elle l’avait en réalité frappé d’un coup de couteau «dans un instinct de survie» alors qu’il la brutalisait lors d’une énième dispute, assure-t-elle.

Comme trois des quatre femmes qui se sont constituées partie civile, Fabienne a d’abord rencontré dans le monde virtuel Mr WaynZ, alors au RSA. Comme d’autres victimes, elle se dit fragile au moment de leur rencontre, rattrapée par les souvenirs enfouis d’un viol subi enfant, commis par son grand-père. Elle dit avoir découvert très vite «qu’il y avait deux hommes»: «celui que j’aimais c’était Mr WaynZ et son humour et sa répartie, c’était pas Yannick» et ses menaces de mort dans le huis clos conjugal aux nuits accaparées par le jeu.

«Il m’a empoisonné le cerveau»

Jeudi, Fabienne a lancé à la Cour: «Comment a-t-il pu passer entre les mailles du filet depuis si longtemps?» après les agressions sexuelles qu’il se vante avoir commises dans des foyers de l’aide sociale à l’enfance, raconte-t-elle, et les violences et viols sur conjointes à répétition. «Il m’a empoisonné le cerveau en me faisant croire qu’il était mon seul remède. Il m’avait enlevé toute confiance en moi, tout mon argent, tout ami», explique la jeune femme de 29 ans, dos en partie tourné à l’accusé. «Je savais qu’il pouvait être d’une telle violence pour des choses anodines comme la litière pour chat, je me suis demandé ce qu’il ferait si je disais non pour un rapport sexuel. Alors je disais oui, et j’attendais que ça passe», a-t-elle expliqué dans un silence de plomb.

Après elle, l’accusé aux phalanges tatouées prend la parole. Il reconnaît avoir séquestré Fabienne. «C’était grave ce que j’ai fait». Au sujet de la mère de son enfant, «j’aurais dû demander des excuses au lieu de donner une gifle». Les fellations forcées? «J’aurais dû arrêter, elle avait dit non, c’est pas correct». Le procès doit se poursuivre jusqu’au 10 février.

Victime ou témoin d’une agression sexuelle?

Vous avez été témoin, victime ou auteur·e de violence?

(AFP)

Ton opinion