Tennis: Les dernières larmes de Roger Federer, un champion éternel

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TennisLes dernières larmes d’un champion éternel

Roger Federer a dit au revoir au tennis, vendredi soir, au bout d’un double perdu d’un souffle avec Rafael Nadal. Immense émotion collective.

Mathieu Aeschmann Londres
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Mathieu Aeschmann Londres
L’émotion de Roger Federer après sa défaite en double avec Rafael Nadal, vendredi soir à la Laver Cup.

L’émotion de Roger Federer après sa défaite en double avec Rafael Nadal, vendredi soir à la Laver Cup.

Getty Images for Laver Cup

Voilà, c’est fini. Roger Federer a quitté le monde du tennis, son monde, au milieu de la nuit londonienne. Il était minuit et demi, vendredi soir, lorsqu’un dernier coup droit gagnant de Jack Sock scella le score de ce dernier double et libéra les émotions d’une vie (6-4, 6-7, 9-11). L’homme aux vingt titres du Grand Chelem pouvait tomber dans les bras des siens et de la famille du tennis. «J’ai vécu une journée parfaite», dira-t-il entre deux sanglots. Une journée parfaite parce que partagée, avec sa femme, ses enfants, ses parents, ses amis et plusieurs générations de champions réunies pour lui dire merci.

Complicité pour l’éternité

De ce dernier double, il faut l’avouer, on ne gardera que peu de choses. Certainement pas le score, car un compétiteur de la trempe de «RF» aurait préféré partir sur un succès. Mais plutôt les sourires et les mots complices échangés sans cesse avec Rafael Nadal; scellant pour l’éternité une complicité qui s’est renforcée au fil des années. Ou encore cette impression tenace, à chaque fois que Sock ou Tiafoe frappaient de toutes leurs forces sur le volleyeur, que le tennis n’est pas près de retrouver deux joueurs aussi à l’aise au filet. Enfin, il y eut l’intensité du dernier quart d’heure de match, lorsque Roger Federer serrait le poing comme au premier jour et inventa une dernière volée divine. Le testament du «Maître».

Journée interminable

Avant ce climax, l’excitation s’était cachée dans les silences d’une interminable journée. Bien sûr, Roger Federer avait été fêté, honoré, ovationné. La foule avait même fait sagement la queue, vers 18 h 30, pour passer devant le court d’entraînement vitré et immortaliser ce dernier échauffement comme on rend un dernier hommage. Sur les écrans, dans les coulisses, lors d’un «Instagram live», le «Maître» avait beaucoup ri. Comme pour repousser l’émotion qui semblait déjà vouloir s’emparer de lui à 13 h, lors de la présentation des équipes. «Je ne veux pas d’une ambiance d’enterrement, avait-il prévenu mercredi. J’aimerais que ce soit puissant et joyeux. J’espère une grande fête.»

Les larmes de Nadal

La fête fut belle, en effet. Mais à mesure que la journée avançait, elle se parait d’un voile de nostalgie. Et même au cœur de ce dernier double, les «let’s go, Roger, let’s go» s’élevaient dans une O2 Arena un peu crispée. Comme si tout le monde avait besoin de se lâcher en versant une larme. Celles-ci ont fini par couler au-delà de minuit, au bout de ce dernier «match tie-break», à l’heure des embrassades avec ses pairs. Puis elles sont devenues contagieuses: Rafael Nadal a craqué le premier et le monde a suivi. Voilà, c’est fini.

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