Iran: Des ONG craignent un durcissement de la répression contre les Kurdes

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IranDes ONG craignent un durcissement de la répression contre les Kurdes

Des ONG d’opposition ont accusé dimanche les autorités iraniennes de préparer une vaste campagne de répression dans les régions kurdes d’Iran.

L’une des manifestations contre le pouvoir en Iran.

L’une des manifestations contre le pouvoir en Iran.

AFP

Des défenseurs des droits humains ont accusé dimanche les autorités iraniennes de déployer des renforts militaires dans les régions kurdes où les manifestations se sont intensifiées, disant craindre un durcissement de la répression.

Des forces armées ont été envoyées samedi en renfort dans la ville de Mahabad, dans le nord-ouest de l’Iran, a indiqué dimanche sur Twitter le groupe de défense des droits des Kurdes d’Iran Hengaw, ajoutant que «des coups de feu ont été entendus dans des quartiers résidentiels.»

L’ONG basée en Norvège a diffusé sur les réseaux sociaux des images montrant, selon elle, un hélicoptère survoler Mahabad avec à bord des membres des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran. Toujours selon Hengaw, des commerçants ont observé une grève dimanche en signe de protestation contre la répression.

La République islamique d’Iran est le théâtre d’un mouvement de contestation déclenché le 16 septembre par la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des mœurs pour avoir enfreint le code vestimentaire strict imposant aux femmes de porter le voile. Les premières manifestations avaient éclaté dans des localités kurdes du nord-ouest, en particulier à Saghez, la ville natale de Mahsa Amini, avant de se répandre dans d’autres villes.

«Électricité coupée»

Les autorités ont «coupé l’électricité à Mahabad et des tirs à l’arme automatique sont entendus», a écrit samedi soir Mahmood Amiry-Moghaddam, le directeur de l’ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo, faisant état «d’informations non confirmées sur des manifestants tués ou blessés». Il a partagé sur Twitter un clip audio présenté comme pris à Mahabad, sur lequel on distingue des cris et des tirs.

Selon Hengaw, des explosions ont été entendues dimanche à l’aube dans plusieurs villes de la province du Kurdistan, dont Marivan, Boukan et Saghez. La situation est aussi «critique» à Divandarreh, où les forces de sécurité ont tué trois manifestants samedi, a ajouté l’ONG.

En Iran, l’agence de presse Tasnim, agréée par les autorités, a affirmé que «des émeutiers ont attaqué, pillé et incendié des maisons à Mahabad, notamment celles appartenant à des policiers et des militaires». «La sécurité y est maintenant rétablie et les commerces ont rouvert», a-t-elle ajouté.

«Punir»

Les Kurdes représentent l’une des principales minorités ethniques en Iran – environ 10 millions sur 83 millions d’habitants – et adhèrent majoritairement à l’islam sunnite et non au chiisme dominant dans le pays.

Depuis la mi-septembre, les manifestations se sont multipliées puis transformées en un vaste mouvement contre le pouvoir, sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979. Au moins 378 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations, selon un dernier bilan diffusé samedi par IHR.

Parmi elles, 255 ont péri lors des protestations liées à la mort de Mahsa Amini et 123 au Sistan-Baloutchistan, une province pauvre du sud-est de l’Iran, dont plus de 90 le 30 septembre dans la capitale provinciale Zahedan, lors de manifestations contre le viol d’une adolescente imputé à un policier. Parmi les victimes figurent 47 enfants, selon IHR.

Alors que les autorités iraniennes continuent d’imputer la contestation à des «émeutiers», le guide suprême Ali Khamenei a promis samedi de «punir» les «auteurs de meurtres et de vandalisme». La justice a condamné jusqu’à présent six manifestants pour leur implication dans les manifestations.

Samedi, elle a convoqué huit personnalités du cinéma, de la politique et du sport, accusées d’avoir publié des contenus «provocateurs» en soutien à la contestation. Dimanche, deux actrices connues, Hengameh Ghaziani et Katayoun Riahi, ont été arrêtées par les services de sécurité après avoir retiré leur foulard en public en signe apparent de soutien au mouvement, selon l’agence officielle Irna.

Le chef de la Fédération iranienne de boxe, qui se trouve en Espagne pour une compétition, a lui annoncé sa décision de ne pas rentrer en Iran. «J’ai décidé de ne pas revenir en Iran pour être la voix de ceux dont la voix n’est pas entendue par les autorités», a dit Hossein Souri dans une vidéo diffusée samedi.

Et au Qatar où s’est ouvert dimanche le Mondial de football, le défenseur Ehsan Hajsafi a déclaré que l’équipe nationale d’Iran voulait être «la voix» du peuple.

(AFP)

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