FootballLe FC Sion patine, faut-il s’en inquiéter?
Ayant perdu de sa superbe, le leader valaisan de Challenge League se retrouve sous la menace de Thoune. Comment doit-il gérer cette nouvelle donne? On en discute avec Stéphane Grichting et Johann Lonfat.
- par
- Nicolas Jacquier
Voici quelque temps déjà que le FC Sion n’affiche plus la maîtrise d’un leader en Challenge League. Il n’en a plus non plus l’allure: avec un bilan de 5 matches/6 points, le club valaisan avance à la moyenne décevante de 1,2 point par rencontre. Insuffisant pour ne pas s’exposer au retour d’un FC Thoune évoluant avec une moindre pression que celle des Valaisans. Et c’est exactement ce qui est en train de se passer si l’on songe que Sion ne possède plus que quatre unités d’avance sur son poursuivant bernois, lequel compte de surcroît un match en moins…
Faut-il dès lors s’inquiéter de ce coup de mou du leader? Pour celui-ci, rien n’est certes perdu, sa situation restant de loin la plus confortable. Cela n’empêche pas que tout est devenu plus compliqué pour lui. On en parle avec les deux anciens internationaux Stéphane Grichting et Johann Lonfat.
À la lumière des dernières sorties du FC Sion, êtes-vous inquiets?
Stéphane Grichting: «Forcément, un peu… La vérité, c’est qu’aucune équipe, hormis peut-être le Bayer Leverkusen, ne peut rester au top pendant tout un championnat. Les six points perdus à domicile contre Thoune font mal. Sion possède néanmoins l’effectif pour rester devant. Sans parler que Thoune peut lui aussi se mettre à égarer des points…»
Johann Lonfat: «Oui dans la mesure où l’avance du FC Sion a quand même considérablement fondu. Il faut avoir l’humilité de faire attention, ce qui doit passer par une prise de conscience. Sans tirer la sonnette d’alarme pour autant, il importe de trouver maintenant des solutions pour en faire un peu plus.»
À quoi attribuez-vous cette baisse de régime?
S. G.: «Courir à la fois après la Coupe et le championnat coûte de l’énergie. Et l’énergie n’est pas inépuisable… Peut-être Sion aurait-il perdu moins de points s’il avait été éliminé par YB en quart. Mais comme on connaît tous l’importance de la Coupe en Valais... Il y a aussi le fait que Didier Tholot s’appuie sans cesse sur les mêmes joueurs. On voit toujours un peu les mêmes, avec les mêmes rôles. La stabilité, c’est bien. Mais à ce point, cela pose quand même la question du manque de profondeur de l’effectif…»
J. L.: «C’est un ensemble de petites choses s’additionnant les uns aux autres. On entend beaucoup de monde évoquer l’absence de Bua. Mais si tout repose sur un seul joueur, c’est un peu grave non? Ce qui est vrai, c’est que le banc de Sion n’est pas extraordinaire. Je trouve que l’équipe manque de rythme et peine à se créer des occasions. C’est surtout le cas à Tourbillon où Sion, plus à l’aise à l’extérieur, s’en ménage peu dans le jeu.»
Alors qu’il lui reste sept matches de championnat, comment Sion doit-il repartir selon vous?
S. G.: «Sion doit retrouver ses certitudes, en remettant les ingrédients qui ont fait précédemment son succès et tout ce qu’il a fait de bien jusque-là. Le danger, ce serait de vouloir tout chambouler. Ce n’est surtout pas le moment de paniquer.»
J. L.: «Je n’ai pas de conseils à donner à Tholot, il doit le savoir mieux que nous! D’une manière générale, il y a ce que le coach répète face aux médias et ce qui se dit à l’interne, dans le vestiaire. Je doute que cela soit le même discours. Cela admis, je ne suis pas un adepte de la méthode Coué. Sans doute Sion a-t-il laissé de l’influx dans son exploit contre YB en Coupe. Il faut faire en sorte que la mauvaise passe qu’il traverse actuellement dure le moins longtemps. Pour ne pas courir le risque de tout gâcher, un sursaut devient nécessaire.»
Dans ce moment clé de la saison, quel peut être le rôle des cadres (Ziegler, Lavanchy, etc.)?
S.G.: «Ils doivent se comporter en leader, c’est-à-dire en portant l’équipe. Parce qu’il est plus difficile de se retrouver dans le rôle du chassé que dans celui du chasseur, Sion peut vite tout perdre… Je reste cependant assez confiant que les Valaisans sauront se reprendre dès ce week-end à Baden. On peut faire confiance à Tholot et à son groupe.»
J. L.: «Dans les moments délicats, le rôle des anciens s’avère primordial. À eux de donner les impulsions pour réveiller tout le monde. Cela peut passer par des prises de parole. En football, tout est souvent question de dynamique. Quand on avait été cherché le titre à la Pontaise avec Servette en juin 1999 (ndlr: succès 5-2 sous des trombes d’eau), je me souviens que Gérard Castella avait provoqué une discussion avec ses leaders afin d’inverser une tendance qui était alors négative, contrairement à GC et au LS qui avaient à l’époque le vent en poupe. Et cela avait parfaitement fonctionné… Aujourd’hui, Sion doit provoquer quelque chose afin de retrouver un élan positif.»