La crise des opioïdes touche aussi la Suisse

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AddictionLa crise des opioïdes touche aussi la Suisse

La nouvelle secrétaire du GREA, Camille Robert, attire l’attention sur la réalité helvétique de cette débâcle pharmaco-sanitaire, qui continue d’avoir un effet dévastateur aux États-Unis.

Eric Felley
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Eric Felley
La nouvelle cosecrétaire du Groupement romand des études des addictions GREA, qui a remplacé au 1er juillet Jean-Félix Savary.

La nouvelle cosecrétaire du Groupement romand des études des addictions GREA, qui a remplacé au 1er juillet Jean-Félix Savary.

GREA

«Entre 2000 et 2019, le nombre d’appels d’urgence pour des intoxications aux opioïdes a augmenté de 177%. Dans le même temps, les ventes de ces analgésiques ont progressé de 91%.» Camille Robert, nouvelle cosecrétaire depuis les 1er juillet du GREA (Groupement romand d’études des addictions), était l’invitée de «La Matinale» mardi sur la RTS. Sur le front des addictions, elle a évoqué les chiffres ci-dessus issus d’une étude publiée en juin par l’EPFZ.

Décès toujours en hausse aux États-Unis

La Suisse n’échappe donc pas à cette crise des opioïdes qui trouve son origine aux États-Unis dans les années 1990 pour avoir un effet dévastateur dans les années 2010 chez les patients consommateurs. Encore pour l’année 2021, le pays comptabilisait 107’000 décès par overdose liés à ce type de produit, en hausse de 15% par rapport à l’année précédente. Plusieurs gros distributeurs de ces médicaments ont accepté de verser plus de 20 milliards de dommages et intérêts à des collectivités publiques.

Le «capitalisme limbique»

En Suisse, les dégâts ne sont pas comparables, mais une tendance se précise: «On peut dire qu’on vit dans une société addictogène», précise Camille Robert. Elle évoque aussi un concept cher au GREA, celui du «capitalisme limbique»: «On vit dans une société où tout notre système économique nous pousse à la consommation parce que le client dépendant d’un produit est un client qui va rapporter beaucoup d’argent».

La Suisse au 7e rang

Avec les opioïdes, le danger de la dépendance est démultiplié et pourtant, en Europe aussi, ces vingt dernières années: «L’industrie pharmaceutique a déployé des moyens énormes pour convaincre les médecins qu’il fallait absolument prescrire ces pilules». La Suisse figure au 7e rang mondial de la consommation de ce type de produit par habitant.

«Est-ce une question de facilité de prescription? s’interroge Camille Robert. Est-ce qu’on prend mieux en charge la douleur aujourd’hui? Est-ce que les gens ont plus mal? Est-ce lié aux programmes de substitution à l’héroïne par des produits comme la méthadone? C’est certainement un peu tout ça», conclut-elle.

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