JuraBoncourt a perdu ses clopes depuis longtemps
Bien avant la fabrication de la dernière cigarette Parisienne jurassienne, tout un paquet a disparu du bord de la route…
- par
- Vincent Donzé
Avec la production mercredi en fin d’après-midi de la dernière Parisienne suisse dans l’usine jurassienne de British American Tobacco (BAT), c’est la fin d’une histoire d’amour entre les clopes et Boncourt, célébrée par le tenancier du Café du Battoir, personnage imaginaire incarné par l’humoriste Vincent Kucholl dans la chronique «120 secondes» et l’émission «52 minutes».
Avant la dernière cigarette, c’est tout un paquet qui disparaissait au bord de la route cantonale, sur un entrepôt construit près de la gare en 1959. Un paquet publicitaire géant, avec une marque différente sur chaque face et un graphisme modifié au fil des nouveautés.
Sans allusion au tabac
Le paquet est resté, mais pas l’emballage, ni les deux cigarettes qui dépassaient: en 2006, l’artiste jurassien Philippe Queloz associé à Adrian Scheidegger remportait un concours dont le but était de renouveler l’identité visuelle du «big pack» sans faire allusion au tabac.
En intervenant par transparence, le duo a indiqué avoir «voulu garder très présentes les qualités plastiques indéniables du support», dans sa construction d’origine. Par un phénomène d’anamorphose, «Le Funambule» constitué de trois éléments se transforme au gré du déplacement du spectateur.
Des cigarettes Maryland
L’histoire d’amour entre les clopes et Boncourt a démarré en 1814 par l’arrivée de Martin Burrus, un fabricant de rouleaux de tabac à fumer poussé hors de France après l’instauration d’un monopole par l’empereur Napoléon.
Dans sa publicité, la «Parisienne» est présentée comme «La clope d’ici depuis 1887». Dès 1911, à la quatrième génération, ces cigarettes industrielles ont été emballées à la main en paquets ronds, puis à la machine en paquets carrés.
Dans l’usine construite en 1953 par F. J. Burrus, actif dans le secteur des cigarettes Maryland, les confectionneuses et empaqueteuses alignées «telle une armée en ordre de bataille» donnaient paraît-il «une image du plus beau cachet» tout en produisant la «Parisienne Super» dès 1958 et la «Select» dès 1968.
La fin d’une épopée
L’an 2023 marque la fin d’une épopée: après l’annonce de la fermeture, la troisième et plus grande vague de départs se déroule en ce moment. Après une quatrième vague, il ne restera l’an prochain qu’une quinzaine d’employés dans la logistique et de l’expédition, sur un site qui en comptait 220.
Il s’agit désormais de trouver un ou des acquéreurs pour des bâtiments gigantesques à l’échelle de Boncourt et de ses 1200 habitants. Le dernier paquet de cigarettes fabriqué à Boncourt sera conservé par British American Tobacco, propriétaire d’une usine à Ploiesti, en Roumanie.