ValaisUn chanoine du Grand-Saint-Bernard poursuivi pour viol sur mineure
L’homme d’Église est visé par une plainte pénale. Une femme, adolescente à l’époque des faits, l’a dénoncé. Il y aurait d’autres victimes.
- par
- Evelyne Emeri
C’était un secret de Polichinelle au sein de l’Église. Il était visiblement bien gardé. Il éclate aujourd’hui au grand jour grâce au courage d’une quinquagénaire établie en Valais. Celle-ci s’en est ouverte à la Commission indépendante Ecoute Conciliation Arbitrage Réparation (CECAR), créée en 2016 pour venir en aide aux victimes d’abus sexuels au sein de l’Église catholique. Alertée, la Congrégation du Grand-Saint-Bernard a déposé une plainte pénale en février auprès du ministère public.
Figure charismatique
Cette femme accuse un chanoine du Grand-Saint-Bernard de l’avoir violée il y a plus de trente ans alors qu’elle n’était qu’une adolescente. Les faits sont prescrits, la loi sur l’imprescriptibilité pour ce type d’infraction n’étant entrée en force qu’en 2008. Par sa démarche, la plaignante espère que d’autres se manifesteront. Elle ne serait pas la seule à avoir été abusée par l’homme d’Église. Originaire d’Orsières (VS), ce curé, figure charismatique de l’Hospice valaisan, a été ordonné en 1970. Il fait également l’objet d’une plainte canonique.
Père d’une fille
Cette affaire révélée par «Le Nouvelliste» éclabousse une fois de plus les milieux ecclésiastiques et remet sur le devant de la scène les nombreux abus sexuels perpétrés au sein de l’Église. Bibliste et guide de montagne, le septuagénaire s’en serait pris à d’autres mineures qui sont appelées à se manifester. Il aurait reconnu les faits en interne.
Il est en outre père (et grand-père) d’une fille née d’une relation qu’il a entretenue avec une femme alors qu’il effectuait son ministère. Ce dont sa hiérarchie a eu connaissance à la naissance du bébé. Du côté de l’évêché et de la congrégation du Grand-Saint-Bernard, on se montre très prudent ou sur la réserve s’agissant de l’enquête en cours, ainsi que l’indique toujours «Le Nouvelliste» qui a contacté plusieurs hauts dirigeants. En revanche, les confrères du prêtre se disent «sous le choc».
«Je suis au lit, je suis malade»
Contacté sur son portable, le chanoine, abuseur présumé, a répondu au média valaisan par téléphone: «Je suis au lit, je suis malade, je ne peux pas vous répondre mais je ne vois pas de quoi il s’agit. Non mon Dieu, je ne vois pas!». Puis par SMS: «Je laisse l’initiative des communications à la plaignante (à qui d’ailleurs j’avais déjà laissé la liberté de communiquer selon son ressenti). En m’excusant encore de vous donner tous ces soucis à la veille de cette fête de Pâques où nous est révélée l’infinie Miséricorde de Celui qui vient épouser et transfigurer nos pauvres et malheureuses histoires humaines».