HistoireDes morts de la bataille de Waterloo trouvés dans un grenier
Un vieil homme a remis à un scientifique des ossements de soldats de la célèbre bataille, qu’il gardait chez lui depuis des années.
- par
- Michel Pralong
Le 18 juin 1815, les troupes de Napoléon affrontent à Waterloo l’armée des Alliés dirigée par le duc de Wellington. Le combat, qui verra la défaite de l’empereur français, fait environ 10 000 morts et près de 4000 disparus. Pourtant, lors des années et même des siècles suivants, seuls un ou deux squelettes ont été découverts dans cette plaine belge. Pourquoi cela?
L’explication a été trouvée il y a peu. De nombreux agriculteurs ont, au fil des ans, trouvé des ossements. Mais ils les ont confiés à l’industrie de la betterave sucrière, qui les utilisait un peu comme du charbon pour purifier le sucre. En novembre dernier, Bernard Wilkin, chercheur principal aux Archives de l’État de Belgique, était d’ailleurs à Waterloo pour donner une conférence sur ce processus.
«J’ai des os de Prussiens dans mon grenier»
«Un vieil homme est alors venu me voir et a dit: Dr Wilkin, j’ai des os de ces Prussiens dans mon grenier», raconte-t-il à CNN. Après avoir vu des photos de ces ossements, le chercheur s’est rendu dans le grenier où il a découvert les restes d’au moins quatre soldats. L’homme les avait depuis les années 1980. Il possède d’ailleurs un petit musée privé où il expose des objets napoléoniens trouvés sur le champ de bataille. Des ouvriers communaux avaient déterré les os lors de travaux en 1982. Ils avaient été gardés dans des greniers successifs. Mais le collectionneur, qui les a reçus, ne les a pas exposés, par respect pour les défunts.
Avec l’âge, craignant à ce qui pourrait advenir de ces ossements quand il aura disparu, l’homme a saisi l’occasion de la visite d’un spécialiste pour lui confier son trésor, avec le souhait qu’ils soient enterrés dignement. Selon les premières constatations, les objets trouvés à proximité des ossements, y compris des boutons en cuir et en os, ainsi que l’endroit où ils ont été découverts, suggèrent que certains des morts étaient en effet des soldats prussiens.
Des soldats anglais retrouvés
En attendant de leur donner une sépulture, ou de faire un ossuaire consacré aux victimes de la bataille, les restes font l’objet de tests médico-légaux approfondis à Liège. Les scientifiques espèrent extraire l’ADN afin d’identifier les morts. Ils tentent également de faire une reconstruction faciale d’au moins un des crânes. L’un d’entre eux porte une grave blessure, sans doute causée par un sabre ou une baïonnette et qui a dû être mortelle.
Cette découverte suit de peu une précédente, six squelettes de soldats britanniques qui avaient été déterrés par un détectoriste amateur dans les années 1980, qui vient de les remettre à un archéologue, écrit la RTBF. On leur attribue cette origine car ils étaient associés à des restes d’uniforme anglais. «Nous avons des os longs des jambes et des bras, et des fragments de crânes, précise l’archéologue. Tous les petits os comme les phalanges manquent. Cela nous fait penser que ces restes ont été à un moment donné triés et réenterrés là où l’amateur les a trouvés. Vu le nombre de fémurs, on a au minimum six individus.»