CommentaireQuand l’UDC joue Rösti contre Rösti
Ni girouette, ni traître, le conseiller fédéral reste un politicien digne de la collégialité que réclame sa fonction.
- par
- Eric Felley
Dans un communiqué publié vendredi, l’UDC Suisse a eu ce titre provocateur: «Le conseiller fédéral Rösti contredit le conseiller national Rösti». D’aucuns ont vu dans cette formule une remise à l‘ordre du conseiller fédéral, qui a défendu cette semaine la loi climat, qui sera votée le 18 juin prochain. Ce n’est évidemment pas la première fois qu’un conseiller fédéral se trouve en porte-à-faux avec son parti. Alain Berset vient de connaître la même situation avec la retraite à 65 ans pour les femmes.
Pour Albert Rösti, c’est tout de même croustillant, car il a été un des artisans du référendum lancé par son parti, qui a provoqué la votation. Évidemment qu’à ce moment-là, il ne trouvait rien de bon à cette loi. Maintenant oui. Lui qui était lobbyiste pour les intérêts pétroliers en Suisse, soutient désormais le projet commun d’abandonner progressivement les énergies fossiles. Chapeau.
«Made in Oberland»
En titrant ainsi, l’UDC veut surtout mettre en évidence qu’il y a deux Albert Rösti: le premier est le seul certifié «made in Oberland», le populaire politicien qui défend l’asphalte et les voitures à essence. Le second est un Albert Rösti de fonction, piégé dans un nid de guêpes roses-vertes, qui ne peut plus dire ce qu’il pense. L’UDC rappelle à ses membres, qu’au moment de voter, il faudra se référer au premier. Mais il ne faut pas en vouloir au second, qui n’est pas une girouette ou un traître, mais un politicien digne de la collégialité que réclame la fonction.
«Made in Switzerland»
La conseillère nationale Christine Bulliard-Marbach (C/FR), coprésidente du comité en faveur de la loi climat a déclaré à son sujet cette semaine: «Il a changé de costume, mais il a gardé l’humilité, le bon sens et un côté consensuel. il est prêt à écouter et à discuter. Je suis curieuse de voir comment il évoluera dans son rôle de conseiller fédéral». Ce n’est pas très courant à l’UDC, mais s’il garde cette ligne de gentleman, il pourra faire un bon conseiller fédéral «made in Switzerland».